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Tensions

Nucléaire iranien : l’AIEA a détecté des particules d’uranium enrichi juste en deçà des 90 % nécessaires pour une bombe atomique

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Des particules d’uranium enrichi à 83,7 % ont été détectées par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Soit juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique.
Photo satellite du complexe d'enrichissement d'uranium de Fordo, au nord de la ville de Qom en Iran diffusée par Maxar Technologies le 4 novembre 2020. (-/AFP)
publié le 28 février 2023 à 20h24

Des nouvelles inquiétantes. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme dans un rapport avoir détecté en Iran des particules d’uranium enrichi à 83,7 %, soit juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique. Elles ont été découvertes à la suite de la collecte d’échantillons en janvier dans l’usine souterraine de Fordo, précise l’instance onusienne, qui confirme ainsi des informations données par des sources diplomatiques. L’AIEA a demandé «des clarifications» et «les discussions sont toujours en cours» pour déterminer l’origine de ces particules, ajoute le rapport qui sera présenté la semaine prochaine lors du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne.

La République islamique qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, a de son côté fait état «de fluctuations involontaires» au cours du processus d’enrichissement, dans une lettre à l’Agence. La semaine dernière, Téhéran avait affirmé «n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60 %». «La présence de particules au-delà de 60 % ne signifie pas qu’il y ait un enrichissement (d’uranium) à plus de 60 %», avait réagi le porte-parole de l’Organisation de l’énergie nucléaire iranienne, Behrouz Kamalvandi.

Négociations au point mort

Ces informations surviennent alors que les négociations afin de ranimer l’accord conclu en 2015 pour limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales sont au point mort. Elles avaient débuté en avril 2021 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances, mais elles sont bloquées depuis août 2022 dans un contexte de tensions croissantes.

L’accord, connu sous l’acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump. La République islamique s’est dans la foulée progressivement affranchie de ses engagements.

Son stock total d’uranium enrichi s’élevait ainsi à 3 760,8 kg à la date du 12 février (contre 3.673,7 kg en octobre), soit plus de 18 fois la limite autorisée par le JCPOA, selon les estimations de l’AIEA. Surtout l’Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin de la limite fixée à 3,67 % : il dispose ainsi de 434,7 kgs à 20 % (contre 386,4 kgs auparavant) et de 87,5 kgs à 60 % (contre 62,3 kgs).