Le courrier, une fois lu, a fini directement à la poubelle. Le 2 avril, Mme D., qui souhaite rester anonyme, a eu la mauvaise surprise de recevoir une lettre de l’Agence d’immigration taïwanaise. Il lui était demandé de justifier qu’elle avait bien renoncé à sa carte d’identité chinoise lorsqu’elle a demandé celle de l’île autonome, en 2002. Si aucune preuve n’était fournie d’ici trois mois, il lui était signifié qu’elle perdrait son droit de résidence. A 55 ans, dont plus de trente ans à Taiwan.
Mme D. y travaille, s’y est mariée et a eu deux enfants de nationalité taïwanaise. Même si elle possède la carte d’identité de la République de Chine (ROC, fondée en 1912), nom officiel de Taiwan, Mme D. pourrait donc se voir renvoyée en Chine, son pays natal. «Cela parait très étrange», expose-t-elle dans un café de Taipei. Encore sidérée d’avoir reçu une telle demande, la quinquagénaire a accepté de raconter sa situation malgré son inquiétude : «Ce n’est pas moi qui ai choisi de garder les deux cartes d’identité. Après toutes ces années, on nous demande soudainement de faire ces démarches, ce n’est pas raisonnable.»
10 000 «Lu Pei»
Mme D. n’est pas la seule à avoir reçu ce courrier. Début avril, les autorités taïwanaises ont reconnu mener une vaste campagne de régularisation, fondée sur un texte qui codifie les relations entre les deu