Quinze personnes sont mortes dans les deux principales villes de Papouasie-Nouvelle-Guinée au cours d’une nuit de violentes émeutes. Des violences qui ont notamment éclaté dans la capitale, Port Moresby, mercredi soir, après qu’un groupe de soldats, d’officiers de police et de gardiens de prison ont manifesté contre le gouvernement en raison de baisses de leur salaire. Le principal hôpital de Port Moresby explique avoir traité 25 personnes blessées par balle, ainsi que six autres présentant des lacérations causées par des «machettes». Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, a déclaré «décréter l’état d’urgence pendant 14 jours dans la capitale de notre pays».
Ce jeudi, le dirigeant s’est par ailleurs engagé à lutter contre ce qu’il a qualifié d’explosions d’«anarchie» qui ne seraient «pas tolérées». Plus de 1 000 soldats sont prêts à intervenir «là où cela serait nécessaire» en vertu du décret d’état urgence, a-t-il précisé. Le Premier ministre a également présenté ses excuses au pays, lors d’une conférence de presse : «C’est votre pays autant que le mien. Enfreindre la loi ne permet pas d’obtenir certains objectifs.» A propos des émeutes, Marape a assuré que le pire était passé ce jeudi matin, mais il a admis que «la situation est encore tendue» dans certains quartiers de Port Moresby.
Des vidéos tournées dans la capitale ont montré des pillards se précipitant dans les magasins à travers les vitres brisées, mettant des marchandises volées dans des cartons, des chariots de supermarché et des seaux en plastique. Des bâtiments et des voitures ont été incendiés, soulevant d’épais panaches de fumée noire qui planaient au-dessus des quartiers les plus touchés de la ville. Un peu plus tôt, une foule moins nombreuse s’était rassemblée devant le bureau du Premier ministre à Port Moresby, arrachant une barrière de sécurité et incendiant une voiture de police en stationnement.
Pékin a de son côté déposé une plainte auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la suite d’informations selon lesquelles les émeutiers auraient pris pour cible des entreprises appartenant à des Chinois. L’ambassade de Chine en Papouasie-Nouvelle-Guinée a indiqué dans un communiqué qu’«un certain nombre de magasins chinois ont été pillés». «Aucun décès de ressortissant chinois n’a été signalé jusqu’à présent» mais «plusieurs ont toutefois été légèrement blessés», a-t-elle ajouté. De son côté, l’ambassade des Etats-Unis à Port Moresby a fait état de coups de feu tirés près de son enceinte alors que la police tentait de «disperser des groupes de pillards».
«Niveau de conflit sans précédent»
Le gouverneur de la région englobant la capitale, Powes Parkop, a estimé que les troubles représentaient un «niveau de conflit sans précédent» à Port Moresby, tandis que le Post Courier, un journal local, a parlé du «jour le plus sombre» de la ville. «Ce qui est le plus important, c’est que nous devons mettre fin à ce conflit», a insisté Parkop sur une station de radio locale mercredi soir, soulignant que «personne ne sortira gagnant de ce type de troubles civils».
Les forces de sécurité ont organisé une manifestation à l’intérieur du parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, après avoir constaté une baisse de leur salaire sans explication. Bien que le gouvernement ait rapidement promis de corriger ce qu’il a décrit comme un «problème technique», cela n’a pas suffi à empêcher les civils mécontents de se joindre au tumulte.
Cette explosion de violence met en lumière l’instabilité de la vie en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays en proie à la pauvreté et à un taux de criminalité élevé. Située à environ 200 kilomètres au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’Etat le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie. Bien qu’elle soit dotée de vastes gisements de gaz, d’or et de minerais, les groupes de défense des droits humains estiment que près de 40 % de ses 9 millions d’habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté.
L’Australie a récemment conclu un accord de sécurité avec le pays, promettant d’aider ses forces de police à lutter contre le trafic d’armes, la contrebande de drogue et la violence tribale. «Nous continuons à appeler au calme en ces temps difficiles», a déclaré ce jeudi le Premier ministre australien, Anthony Albanese.
Mise à jour à 8h30 : avec le nombre de blessés par balles et machettes, et la déclaration des Etats-Unis.
Mise à jour à 12h17 : avec l’état d’urgence et les soldats déployés.