Paul Watson non extradé, Paul Watson libéré : le gouvernement japonais encaisse mal ce revers infligé par le ministère danois de la Justice et un juge du Groenland qui, après cent quarante-neuf jours de détention de l’activiste anti-chasse à la baleine, n’ont pas donné suite à la requête du Japon de le transférer sur l’archipel. «Il est regrettable que le gouvernement du Danemark n’ait pas accepté notre demande d’extradition et nous lui avons fait connaître notre réaction. Le Japon va continuer de traiter ce cas comme il se doit sur la base de preuves et du droit», a réagi lors de son point de presse Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement japonais.
Interview
Hideki Tokoro, patron de l’entreprise Kyodo Senpaku, qui possède et exploite la principale flotte baleinière nippone, ne décolère pas non plus. «Cette décision m’a surpris. Franchement, Watson est coupable de délits, ce qu’il a fait, ce sont des tentatives de meurtre contre nos équipages», commente-t-il pour Libération. «Je souhaite que le gouvernement japonais continue sérieusement d’exiger son extradition où qu’il aille, je veux qu’il soit de nouveau arrêté. Il serait fâcheux que les délits qu’il a commis soient pris à la légère. Nous avons rassemblé les preuves», insiste ce patron, figure de proue de la pêche commerciale aux cétacés.
Officiellement, le Japon accuse Paul Watson de complicité d’entrave aux activités des navires baleiniers nippons et d’avoir ordonné à l’un de ses compères, le capitaine Paul Béthune (jugé et condamné en 2010 à Tokyo) une intrusion sur un bateau et des jets de bouteilles d’acide sur l’équipage japonais. «Nous ne reprochons pas à Paul Watson ses opinions anti-chasse à la baleine, mais le fait qu’il ait enfreint le droit maritime» et cela exige une réponse pénale, a insisté il y a quelques semaines le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya. Et d’assurer alors que le gouvernement nippon s’employait à convaincre tant les autorités du Danemark que celles de France du bien-fondé de la requête d’extradition, finalement rejetée.
Réactions
Deux millions de dollars
L’écart entre les charges, qui paraissent faibles et remontent à près de quinze ans, et l’entêtement du Japon, suggère qu’il pourrait exister des points de griefs et possibles chefs d’accusation autres que ceux brièvement présentés dans les mandats d’arrêt transmis à Interpol. Hideki Tokoro rappelle que «la justice américaine a ordonné à Paul Watson de ne plus approcher les navires nippons et que ce dernier a accepté en 2016 de ne plus jamais harceler la flotte nippone, en échange d’une somme de 2 millions de dollars», payée par la partie japonaise.
Alors que les médias nippons ont assez peu couvert cette affaire Watson et ses répercussions, le grand public japonais n’exprime en général guère de mansuétude à l’égard du défenseur des baleines, souvent qualifié de «terroriste» et «d’escroc dont les actions visent à collecter des fonds au prétexte de sauver les cétacés». Beaucoup ne comprennent pas pourquoi les pays occidentaux sont à ce point préoccupés par les baleines que les autorités japonaises, elles, ne considèrent pas comme étant des espèces menacées.