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Consommation

Pénurie de riz au Japon : face à des cultivateurs en furie, le gouvernement s’enfonce, les clients trinquent

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En un an, le prix du kilo de riz a doublé, forçant le pays à puiser dans ses réserves stratégiques. Agriculteurs et spécialistes accusent la politique du gouvernement, qui a longtemps cherché à réduire la production rizicole.
Selon une étude gouvernementale, en 2023, le salaire d’un riziculteur équivaut à 100 yens (60 centimes d’euros) par heure. (Yoichi Hayashi /AFP)
par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo
publié le 12 avril 2025 à 18h48

Quand on lui fait don d’un sac de riz, c’est comme si cette cuisinière d’un «kodomo shokudo» de l’arrondissement de Shinagawa, à Tokyo, recevait un produit de luxe. Ces «restos du cœur japonais» offrent aux enfants des repas, gratuitement ou pour une somme dérisoire. «On arrive encore à acheter des légumes, mais le riz c’est infernal, beaucoup trop cher», se désole-t-elle. Si le riz à Tokyo et dans le reste du pays est devenu hors de prix pour de nombreux consommateurs, c’est parce qu’il est désormais une denrée rare.

Début avril dans une grande enseigne de distribution au cœur de Tokyo, pas un seul sac de riz. C’était pareil un mois plus tôt. «On en reçoit parfois mais en petites quantités et tout part immédiatement, on ne sait pas combien de temps cela va durer, déplore une vendeuse. Mon mari dit qu’il y a des gens qui en entassent chez eux, ce n’est pas possible autrement.»

Dans un deuxième commerce visité, il reste trois variétés de la céréale, mais un seul sac de chacun, avec un écriteau mettant en garde : «un paquet par client». «Nous sommes obligés de rationner, les arrivages ne suffisent pas. C’est comme cela depuis l’été dernier, même s’il y avait une petite amélioration à l’automne avec la nouvelle récolte», précise une caissière. «Nous avons trop de commandes, nous livrons désormais sur tirage au sort», s’excuse une coopérative de vente directe. «On a un peu de stock, mais on restreint aussi les ventes à chacun», abonde la p