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Libération
Sans surprise

Philippines: le fils de l’ancien dictateur, Marcos Junior, largement élu

Ferdinand «Bongbong» Marcos Junior, fils de l’ancien dictateur du même nom, aurait obtenu plus de deux fois plus de voix que sa principale adversaire, selon des résultats portant sur près de 84% des bureaux de vote.
Fils de dictateur et ancien sénateur, Ferdinand "Bongbong" Marcos Junior, devrait être le prochain président des Philippines. (Aaron Favila/AP)
publié le 9 mai 2022 à 15h56
(mis à jour le 9 mai 2022 à 21h57)

Après le père, le fils. Ferdinand «Bongbong» Marcos Junior (BBM), fils de l’ancien dictateur du même nom, se dirige vers une victoire écrasante à l’élection présidentielle aux Philippines, selon un premier décompte officieux des voix rendu public dans la soirée de lundi. Selon des résultats portant sur plus de 84% des circonscriptions, Marcos Junior obtenait 27 millions de voix, contre seulement 12,9 millions pour sa principale rivale, la vice-présidente sortante Leni Robredo. Environ 67 millions de Philippins étaient appelés aux urnes pour ces élections générales. Lors de ce scrutin à un tour, il suffit à un candidat d’obtenir plus de voix que ses rivaux pour l’emporter.

L’enjeu est de succéder au «shérif» Rodrigo Duterte dont la très sale guerre antidrogue a fait au moins 20 000 morts. BBM est le favori des sondages, même si les enquêtes ont été peu nombreuses. Bien loin d’entamer un devoir d’inventaire sur les années noires du père, le fiston fait campagne sur la marque, le nom, l’héritage Marcos.

Sur les podiums et les estrades, les flyers et les spots, la «team Marcos» a lancé les grandes manœuvres pour reconquérir la gloire perdue, restaurer la fierté bafouée et racheter l’image de la «plus puissante dynastie du pays, note le politologue Aries Arugay à Manille. Ils n’ont jamais quitté les feux de la rampe politique, mais ils ont investi dans une efficace machinerie de désinformation et de révisionnisme historique. Bongbong est le mandataire de toute la dynastie. Il a cultivé une proximité avec son père, il lui ressemble». S’il fallait encore s’en convaincre, il suffit de regarder sur YouTube la vidéo si glamour et si flagorneuse «The Greatest Lesson Bongbong Marcos Learned From His Father» («La plus importante leçon qu’a apprise Bongbong Marcos de son père»), visionnée près de 15 millions de fois.

Seul fils de l’ancien dictateur, Bongbong Marcos, 64 ans, loue en boucle le «génie politique» du paternel, son «idole». «Si on avait permis à mon père de poursuivre ses projets, nous serions aujourd’hui comme Singapour», ne craignait pas de déclarer Marcos Junior, en 2011, quand on célébrait la révolution populaire et démocratique qui avait renversé son père vingt-cinq plus tôt.

Aujourd’hui, le message est bel et bien passé et l’heure est à la revanche chez les partisans et au sein du clan Marcos. Une forme de «contre-révolution pour effacer 1986», selon l’universitaire Richard Heydarian, s’est installée dans le pays et a gagné les esprits. Jadis paria, les Marcos sont donc au seuil du pouvoir présidentiel. Et cette probabilité d’un retour en forme de reconquête est en soi une consécration politique.

Mise à jour à 22 heures avec les résultats portant sur 84% des bureaux de vote.