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Smog

Pollution de l’air : New Delhi suffoque sous des particules fines à la concentration 60 fois supérieure aux recommandations de l’OMS

Pour contenir les nouveaux pics de pollution atmosphériques, les autorités de la capitale indienne ont décidé de fermer la plupart des écoles, encourager le télétravail et restreindre la circulation ce lundi 18 novembre.
Une route de New Delhi, ce lundi, alors que le ciel est enveloppé de smog. (Anushree Fadnavis/REUTERS)
publié le 18 novembre 2024 à 9h33

Un épais smog gris recouvre la capitale indienne ce lundi 18 novembre et la contraint à se calfeutrer. La plupart des écoles sont fermées, les restrictions de circulation sont renforcées et le télétravail vivement recommandé, jusqu’à nouvel ordre. Et pour cause : la concentration en microparticules PM2,5 - les plus dangereuses, car elles se diffusent directement dans le sang par les poumons - a été mesurée dans la matinée à 907 microgrammes par mètre cube d’air en certains points de la mégapole de 30 millions d’habitants. Soit un niveau plus de 60 fois supérieur au seuil maximal fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le gouvernement a appelé les enfants, les personnes âgées et tous ceux souffrant de pathologies pulmonaires ou cardiaques à «rester à l’intérieur autant que possible». A noter, toutefois, que se claquemurer de les protège pas entièrement : nombre d’habitants de la capitale ne peuvent pas se payer un purificateur d’air et vivent dans des logements peu hermétiques à l’air vicié de l’extérieur, responsable de milliers de morts prématurées chaque année. Les mesures des autorités, qui ont lancé dimanche le niveau 4 de leur plan d’alerte, doivent surtout «empêcher une nouvelle détérioration de la qualité de l’air». Les écoles de New Delhi tiennent donc leur cours à distance ce lundi, à l’exception de deux années de lycée - les écoles primaires devaient déjà le faire depuis jeudi. Les chantiers et la circulation des camions diesel sont restreints pour les mêmes raisons.

Usines, trafic routier et brûlis agricoles

Ces pics de pollution reviennent chaque année à New Delhi : aux fumées toxiques des usines et la pollution du trafic routier s’ajoute celles des brûlis agricoles saisonniers La baisse des températures et les vents faibles de l’hiver, qui s’étend de mi-octobre jusqu’à janvier au moins en Inde, intensifient la pollution en fixant les particules dangereuses sur place. Ainsi la mégalopole de 30 millions d’habitants se trouve constamment dans le haut du classement des villes les plus polluées du monde à cette période de l’année.

Et les conséquences sur la santé de la population sont tout aussi importantes. La pollution atmosphérique cause maladies cardiovasculaires, respiratoires, cancers du poumon. Elle est responsable de 11,5 % de la mortalité à New Delhi et tue 12 000 personnes par an, selon une étude publiée en juin dernier. En 2019, le Lancet jugeait que la pollution de l’air tuait 1,67 million d’Indiens chaque année. Chiffres qui ont certainement orienté la décision de la Cour suprême du pays : elle a jugé, en octobre, que l’accès à un air sain était un droit fondamental et sommé aux gouvernements central et des Etats d’agir.

«Le gouvernement national ne fait rien. Aujourd’hui toute l’Inde du nord se retrouve en situation d’urgence médicale, a déploré de son côté la ministre en cheffe de New Delhi ce lundi. Toute la nuit j’ai reçu des appels téléphoniques de gens qui ont dû faire hospitaliser des personnes âgées.» Les initiatives engagées par les autorités locales ont eu peu d’effet jusqu’ici. Après avoir encouragé les automobilistes à couper leur moteur au feu rouge, la ville a récemment présenté un drone destiné à pulvériser de l’eau sur les zones les plus polluées. «Des mesurettes», dénoncent les ONG de défense de l’environnement, qui prônent de «stopper les émissions à leur base».