Transformer un Etat désertique en «jardin fleuri». Telle est la volonté du Turkménistan, qui a annoncé avoir planté plus de 470 000 arbres samedi 4 novembre. Ce projet entrepris dans le but de verdir le pays a eu lieu pour «démontrer le haut niveau de culture environnementale dans la société», rapporte le journal étatique Neytralny Turkménistan («Turkménistan neutre» en français). Alors que le pays est régi par une dictature depuis la chute de l’URSS en 1991, le média assure que ces actions «donnent vie au rêve chéri du peuple turkmène : transformer sa terre natale en un jardin fleuri». A l’occasion de cette campagne de plantation d’arbres, «tout le pays s’est mobilisé», assure le porte-voix de cette ancienne république soviétique, selon qui «472 071 conifères, arbres fruitiers et feuillus ont été plantés». En guise de preuve, la photo qui illustre l’article montre le président Serdar Berdimuhamedow à côté d’un arbre. En tenue de sport blanche et verte floquée «Turkménistan», le chef de l’Etat pose fièrement en train de prendre une pelletée de terre sur une brouette.
Désireux de s’imposer comme figure d’exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique, le chef d’Etat a déclaré en octobre : «Nous avons l’intention de moderniser les systèmes d’approvisionnement et de distribution d’eau dans notre pays et nous attachons de l’importance aux partenariats régionaux et internationaux dans ce domaine important.» Pourtant, dans ce pays recouvert de plus de moitié par le désert du Karakoum, l’eau manque déjà. «Les robinets des ménages sont à sec», rapportait fin juillet le magazine Foreign Policy. En 2020, dans un rapport sur les solutions proposées par des ingénieurs turkmènes face aux «graves pénuries d’eau douce», l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle soulignait que seul 11,5 % de ce territoire bordé par la mer Caspienne est consacré à l’agriculture, en partie aussi à cause de la «forte salinité des sols».
Programme de construction pharaonique
Dans la lignée du culte de la personnalité de Gurbanguly Berdimuhamedow, père de l’actuel dirigeant, les autorités ont coutume d’entraîner les populations dans des parades géantes et des actions de masse. En 2013, le chef du gouvernement avait engagé un programme de construction pharaonique de plusieurs milliards de dollars grâce aux revenus des hydrocarbures afin de doter la capitale de bâtiments flambant neufs. Achgabat, plantée au milieu du désert, avait été transformée en «ville blanche» où même les bordures des trottoirs étaient en marbre blanc.
Ce n’est pas la première fois que le Turkménistan annonce une plantation record d’arbres sur son territoire. Le pays en aurait déjà planté 145 millions ces dernières années. Des informations difficilement vérifiables dans cette dictature totalement verrouillée, où la presse est muselée : le pays occupe la 176e place mondiale sur 180 au classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontière.