Elle a posé ses bracelets faits main sur une petite table installée sur un bout de trottoir éclairé d’une simple lampe de poche. A 24 ans, Liu a décroché un master d’Anglais à l’université de Shenzhen, mais depuis six mois elle cherche en vain du travail. «Plutôt que de me morfondre chez moi et entendre mes parents me répéter que je dois absolument trouver un emploi ou me marier, je préfère vendre mes bracelets, ça me permet de gagner un peu d’argent et ça m’évite surtout de déprimer.»
Comme elle, de plus en plus de jeunes Chinois incapables de trouver un emploi à temps plein deviennent vendeurs de rue. «Dites plutôt entrepreneuse, explique-t-elle, car j’ai aussi une boutique en ligne.»
Certains font même commerce de leur savoir comme Mo Mingyong, un jeune diplômé en sciences politiques de la prestigieuse London School of Economics qui partage sur son réseau social des photos de lui offrant des «services de conseil en sciences politiques» en pleine rue. «J’aborde des sujets tels que les relations Russie-Ukraine, le populisme et les politiques identitaires en échange d’un peu d’argent», explique-t-il.
«Travailleur flexible»
La vente de rue a fait son grand retour en Chine depuis 2020. Des villes comme Shenzhen, Shanghai et Hangzhou ont assoupli les restrictions imposées au commerce ambulant afin de stimuler la reprise économique après la pandémie de Covid et surtout faire baisser artificiellement le taux de chômage. En Chine, 54 millions de jeunes seraient sans emplo