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Libération
Scrutin

Présidentielle en Indonésie : le ministre de la Défense Prabowo Subianto élu au premier tour

L’ancien général, accusé de crimes de guerre dans les années 90, est arrivé largement en tête de l‘élection présidentielle indonésienne, selon les résultats officiels communiqués ce mercredi 20 mars.
Le ministre de la Défense Prabowo Subianto est arrivé largement en tête des élection indonésiennes ce mercredi 14 février. (Vincent Thian/AP)
publié le 14 février 2024 à 10h15
(mis à jour le 20 mars 2024 à 16h57)

Actuel ministre de la Défense et ancien général, Prabowo Subianto est le vainqueur de l’élection présidentielle organisée le 14 février en Indonésie. Selon les chiffres définitifs communiqués ce mercredi 20 mars par la commission électorale, l’homme de 72 ans est arrivé en tête avec une confortable majorité de 58,6 % des suffrages face à ses deux rivaux Anies Baswedan (24,9 %) et Ganjar Pranowo (16 %) qui ont d’ores et déjà annoncé vouloir contester le résultat. Au total, 96 millions d’électeurs se sont prononcés en faveur du ministre de la Défense, contre 41 millions à son plus proche rival Anies Baswedan.

Prabowo Subianto, au passé militaire controversé (il est notamment accusé d’avoir ordonné l’enlèvement de militants prodémocratie dans les années 90), succédera en octobre prochain à Joko Widodo, surnommé «Jokowi», à la tête de la première économie d’Asie du Sud-Est. Il aura pour vice-président Gibran Rakabuming Raka, fils du président sortant. Dès le 14 février, il avait revendiqué «la victoire au premier tour», après des premières projections qui le plaçaient largement premier. «Tous les décomptes et tous les sondages ont montré que [le ticket] Prabowo-Gibran avait gagné en un seul tour. Cette victoire devrait être une victoire pour tous les Indonésiens», avait déclaré l’ex-général.

Rhétorique nationaliste et populiste

Ses deux rivaux disposent de trois jours pour saisir la Cour constitutionnelle afin de contester le résultat en arguant d’éventuelles fraudes ou irrégularités. Peu après l’élection, le camp de Ganjar Pranowo avait très vite dénoncé des fraudes «structurées, systématiques et massives», sans fournir de preuves. Selon l’équipe de juristes du futur président, le résultat a peu de chances d’être remis en cause en raison du très important écart de voix entre Prabowo Subianto et ses deux rivaux, ont rapporté les médias locaux.

Candidat à la présidentielle pour la troisième fois – d’abord en 2014 puis en 2019 –, Prabowo Subianto a développé une rhétorique nationaliste et populiste, et s’est engagé à poursuivre la politique du président sortant, «Jokowi». Les autres candidats et des mouvements étudiants ont accusé ce dernier d’avoir utilisé les ressources de l’Etat pour tenter d’influencer l’élection en faveur de son ministre.

Avant même l’annonce officielle de son élection, les dirigeants du monde entier avaient déjà commencé à féliciter Prabowo Subianto, notamment les Premiers ministres britannique, néerlandais, malaisien et australien. Le président français Emmanuel Macron l’avait aussi félicité dès le 9 mars pour «le remarquable résultat à l’élection». Mais les États-Unis ont attendu l’annonce officielle, se contentant de féliciter le peuple indonésien pour son exercice démocratique réussi. Des groupes de défense des droits ont exprimé de leur côté leur inquiétude quant au risque de voir Prabowo Subianto revenir sur des libertés démocratiques durement acquises.

Mise à jour : ce mercredi mars à 16h56, avec les résultats définitifs.