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Libération
Reportage

Prisons secrètes au Bangladesh : le long calvaire des proches de détenus

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Durant le règne de Sheikh Hasina, les services spéciaux ont fait disparaître des centaines de Bangladais. Après des années d’angoisse, les familles de disparus espèrent les retrouver en vie dans les prisons du régime déchu, dont Muhammad Yunus a promis l’ouverture.
Des policiers à Dacca, lors des manifestations contre l'ex-Première ministre Sheikh Hasina, le 5 août 2024. (Rajib Dhar/AP)
par Côme Bastin, envoyé spécial à Dacca
publié le 19 août 2024 à 13h49

Leurs histoires commencent toutes par une déchirure soudaine. Un jour ordinaire, sans prévenir, il ou elle a été emmené de force, puis n’est jamais revenu. Frères, sœurs, épouses, enfants… ce jeudi 15 août, ils sont une centaine à manifester devant les grilles du Club de la presse de Dacca, la capitale du Bangladesh. Certains brandissent des portraits de l’être disparu, d’autres crient dans un microphone leurs insoutenables années d’attente et leur impatience. L’ONG Mayer Daak («l’appel des mères»), qui recense au moins 600 disparitions forcées depuis 2009, a donné rendez-vous à ces familles pour réclamer l’ouverture des portes et des archives d’Aynaghar, le mystérieux réseau de prisons de Sheikh Hasina, restée quinze ans Première ministre avant d’être chassée du pouvoir lundi 5 août.

«En 2014, nous allions partir vers la ville de Chittagong quand des policiers ont soudainement frappé à la porte de la maison, se souvient Imon Omar, 30 ans, très ému. Sous mes yeux, ils ont embarqué mon père. Les jours, puis les années ont passé, mais il n’est jamais re