Paradoxale Corée du Nord. Capable de déposer une bombe nucléaire sur l’intégralité du territoire de ses ennemis, comme vient de le rappeler brutalement cette nuit le tir de missile balistique intercontinental tombé au large du Japon, mais en proie à de graves pénuries alimentaires à chaque soubresaut climatique. L’étrange régime nord-coréen fait figure d’intrus au sein du club restreint des pays disposant de l’arme atomique. Une singularité historique notamment permise par l’aide soviétique, à l’origine du programme nucléaire dans les années 1950, mais aussi par la coopération du Pakistan, et notamment du docteur Abdul Qadeer Khan. Le père du programme nucléaire d’Islamabad a transmis des centrifugeuses et de précieuses informations à Pyongyang.
Mais les capacités du régime dépendent en grande partie de facteurs internes. «D’abord, la Corée du Nord existe dans un environnement hostile, elle est sujette à une menace existentielle, détaille Andreï Lankov, professeur d’histoire à l’université Kookmin de Séoul. Son économie centralisée lui a permis de concentrer toutes ses ressources vers son objectif. Et puis