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Libération
Corée du Nord

Pyongyang tire des missiles balistiques pour la quatrième fois en une semaine

Corée du Nord, l'escaladedossier
La Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques en mer du Japon selon l’armée sud-coréenne, pour la quatrième fois cette semaine. Une provocation de plus qui fait planer la menace d’un nouvel essai nucléaire.
Un précédent tir de missile diffusé à la télévision nord-coréenne, le 25 septembre. (Jung Yeon-je /AFP)
publié le 1er octobre 2022 à 11h07

Rien ou presque ne filtre de la Corée du Nord et la communication se fait généralement à coups de missiles balistiques. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Pyongyang fut particulièrement loquace cette semaine. Un quatrième lancement de missiles balistiques a été constaté ce samedi matin par l’armée sud-coréenne, après ceux de dimanche, mercredi et jeudi. Les communiqués se suivent et se ressemblent. «Deux missiles de courte portée entre 06 h 45 et 07 h 03 tirés depuis la zone de Sunan, à Pyongyang» vers la mer du Japon, précise celui publié aujourd’hui. Et comme ce fut le cas depuis dimanche, les deux engins «ont volé (sur une distance) d’environ 350 km, à une altitude de 30 km (et) à la vitesse de Mach 6».

Le chef d’état-major interarmées sud-coréen dénonce une nouvelle fois une «grave provocation» tandis que l’allié japonais, qui a confirmé la détection des deux missiles, évoque «un rythme sans précédent» de lancements ces derniers jours par la voix de son vice-ministre de la Défense, Toshiro Ino. Dernière ces tirs à répétition, les services de renseignements américains et sud-coréens lisent l’imminence d’un nouvel essai nucléaire du régime nord-coréen dans les semaines à venir. Sous le coup de sanctions internationales pour ses programmes d’armement, la Corée du Nord a adopté début septembre une nouvelle doctrine proclamant qu’elle ne renoncerait jamais à l’arme nucléaire.

Ce serait le premier essai nucléaire depuis 2017 par Pyongyang qui en a fait six en tout depuis 2006. «Je pense que la possibilité d’un test est plus probable une ou deux semaines après le congrès» du Parti communiste chinois qui débute le 16 octobre, a précisé à quelques journalistes un responsable du commandement Indo-Pacifique (IndoPacom), sous couvert d’anonymat. Les renseignements sud-coréens avaient aussi évoqué une fenêtre entre cet événement et les élections de mi-mandat aux États-Unis, le 7 novembre. Pyongyang sait généralement utiliser le calendrier géopolitique pour faire le plus de bruit possible autour de ses manœuvres militaires.

Exercices conjoints entre Corée du Sud et Etats-Unis

Un tel essai «serait très inquiétant» selon le chef de la flotte américaine dans la région, l’amiral Sam Paparo, tout en précisant qu’aucun lien n’avait été établi entre les tirs de missiles balistiques et un éventuel test nucléaire. Mais s’il advenait, l’amiral précise qu’il «y aurait une réponse». Pour un autre gradé américain, le général Ken Wilsbach, un nouvel essai nucléaire nord-coréen «changerait indubitablement la donne» dans la région. «Ce serait une source d’inquiétude pour de nombreux pays, précise le chef des forces aériennes dans la région. Je pense que ça inquiéterait même la Chine et la Russie.»

Face à la rhétorique guerrière de Pyongyang, les Etats-Unis et la Corée du Sud ont repris leurs exercices conjoints, suspendus depuis 2018 en raison du Covid-19 et d’un réchauffement diplomatique, désormais terminé, entre Séoul et Pyongyang. Ce jeudi, la vice-présidente américaine Kamala Harris se trouvait dans la péninsule et a visité la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corée, lors d’un voyage visant à souligner l’engagement «inébranlable» de Washington à défendre la Corée du Sud contre le Nord. Et ce vendredi Séoul, Tokyo et Washington ont mené des exercices trilatéraux anti-sous-marins pour la première fois en cinq ans, quelques jours après que les forces navales américaines et sud-coréennes ont conduit des manœuvres à grande échelle au large de la péninsule. Autant d’exercices que Pyongyang considère comme des répétitions d’invasion.