«Désolé, je dois partir pour une réunion à Pékin.» Ce message envoyé à sa fille, fin 2017, avait été la dernière trace de vie de Rahile Dawut, prestigieuse ethnologue ouïghoure. On sait désormais que la chercheuse de 57 ans a été condamnée à la perpétuité lors d’un procès secret en Chine pour «séparatisme» et purge sa peine dans un lieu inconnu.
Titulaire d’une thèse de l’Université normale de Pékin en 1998, récompensée par de nombreux prix, Rahile Dawut arpentait le Xinjiang (ou Turkestan oriental) pour documenter le patrimoine culturel, artistique et spirituel ouïghour, les traditions orales et les rituels soufis. «Elle était une référence dans le monde académique chinois sur les études ouïghoures. Ses projets de recherches étaient financés par l’Etat et elle contribuait au rayonnement de la recherche chinoise dans le monde, explique la chercheuse Vanessa Frangville, titulaire de la chaire d’études chinoises de l’Université libre de Bruxelles. Pour les anthropologues ou sociologues qui venaient faire des recherches dans la région, elle était un repère, toujours d’excellent conseil et heureuse de partager ses ressources. Elle travaillait énormément avec des collègues américains, anglais, français ou japonais.»
Machine répressive
Auteure de nombreuses publications scientifiques, Rahile Dawut, née en 1966, avait résidé en Grande-Bretagne comme chercheuse à la London School of Oriental and African Studies, collaboré avec un chercheur du CNRS à un ouv