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Libération
Birmanie

Rangoun, dans la nuit des rafles et des tirs

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Face aux arrestations et aux rafles dans la capitale économique birmane, notamment dans le quartier Sanchaung lundi soir, les habitants se sont organisés pour cacher et protéger les manifestants.
Lors d'une manifestation à Rangoun, ce mardi.
par Juliette Verlin, à Rangoun
publié le 9 mars 2021 à 14h42

Thet Thet ne peut jamais prévoir la veille à quoi ressemblera sa rue le lendemain, mais elle s’est habituée. Des barrages sont montés et démontés pendant la nuit, les voisins fouillent parfois les sacs des passants et les marchés calent leurs horaires de fermeture sur les fluctuations des tensions dans le quartier. Alors, lundi soir, quand trois manifestants viennent toquer à sa porte, paniqués par le blocage des rues alentour par les forces de sécurité, elle les laisse entrer chez elle et sort faire quelques courses rapides pour nourrir tout le monde.

Maubin Street, où Thet Thet vit, fait partie d’une série de rues parallèles où la police est venue s’installer progressivement en fin de journée, pour en bloquer l’accès – et la sortie. Les minutes se sont écoulées lentement jusqu’au couvre-feu, tandis que plusieurs centaines de manifestants appelaient à l’aide sur les réseaux sociaux, coincés dans le quartier. Certains racontent avoir réussi à sortir assez tôt, en se faisant passer pour des habitants. La plupart, ceux dont l’allure de manifestant leur assurerait un aller simple pour la prison d’Insein, n’osent pas tenter.

Eviter les lumières

Au coin de sa rue, Thet Thet croise le