L’Américain Evan Gershkovich restera bien en détention «provisoire» jusqu’au 30 juin pour «espionnage». Un tribunal russe a rejeté ce mardi 23 avril l’appel du journaliste du Wall Street Journal, qui contestait la décision pour des accusations qu’il rejette en bloc. «La première cour d’appel a décidé de laisser sans changement la décision du 26 mars [du tribunal de première instance] de prolonger la mesure [de détention] préventive», a déclaré le juge Alexandre Pouchkine. La chargée d’affaires américaine Stéphanie Holmes était présente, mais n’a pas fait de déclarations.
Le journaliste de 32 ans, arrêté en mars 2023, est apparu dans la cage en verre réservée aux accusés. Il a levé le pouce en répondant à un journaliste qui lui demandait comment il allait. Comme lors de ses précédentes audiences, il n’a fait aucune déclaration à la presse. Reporter au Wall Street Journal, Evan Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l’AFP à Moscou par le passé, a été arrêté par les services de sécurité russes (FSB) lors d’un reportage à Ekaterinbourg, dans l’Oural, il y a plus d’un an, en mars 2023. Il est accusé d’espionnage, un crime passible de 20 ans de prison et d’une gravité inédite depuis la fin de l’URSS concernant un journaliste étranger. Il rejette ces accusations, tout comme les Etats-Unis, son journal, ses proches et sa famille. La Russie n’a jamais étayé ses accusations ni apporté publiquement d’éléments de preuve, et l’ensemble de la procédure a été classée secrète.
Liberté de la presse
Ces dernières années, plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines en Russie. Washington, qui soutient Kyiv face à l’armée russe depuis deux ans, accuse Moscou de vouloir les échanger contre des Russes détenus aux Etats-Unis. Vladimir Poutine s’était dit disposé à échanger le journaliste contre Vadim Krassikov, emprisonné à vie en Allemagne pour le meurtre d’un opposant tchétchène à Berlin en 2019. Mais les efforts pour le libérer pourraient avoir pris un tour plus compliqué depuis la mort en prison de l’opposant russe Alexeï Navalny qui, selon son entourage, faisait également partie d’un projet d’échange de prisonniers en cours de négociations.