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Libération
Reportage

«Sans Duterte, ma fille serait encore en vie» : aux Philippines, la quête de justice des victimes de la guerre contre la drogue

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Malgré les dizaines de milliers de morts de la guerre contre la drogue dans le pays, aucun responsable de haut niveau n’a été inquiété. Les familles des victimes placent leur espoir dans la justice internationale.
Un rassemblement en mémoire aux victimes de la guerre contre la drogue, à Manille (Philippines), en décembre. (Ezra Acayan /AFP)
par Nicolas Rocca, envoyé spécial aux Philippines
publié le 18 mai 2024 à 15h39

Le temps n’efface pas l’horreur. Sept ans après l’assassinat de sa fille, Cristeta, Salvacion Ramos reste saisie de souffrance lorsque les souvenirs du drame se réveillent. Animée par le désir d’aider son enfant à arrêter les stupéfiants, la mère de famille était allée donner son nom aux autorités locales. Mais deux semaines plus tard, pas de cure de désintoxication en vue. A la place, elle a reçu «vers minuit la visite de quatre hommes aux visages masqués, se souvient péniblement Salvacion. J’ai entendu un coup de feu résonner. Puis deux, trois, quatre. Je me suis précipité devant la maison et j’ai vu les hommes fuir en courant. Ma fille gisait au sol.»

Le crâne explosé par l’impact, Cristeta Ramos venait de rejoindre la cohorte macabre des 30 000 victimes de la guerre contre la drogue selon les estimations des ONG de défense des droits de l’homme. Une avalanche de meurtres