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Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie : la France a officiellement demandé son rapatriement

Le Français avait été condamné à mort par le pays asiatique en 2007 pour trafic de drogue.
Un joueur du FC Metz portant un tee-shirt en soutien à Serge Atlaoui avant le match de Ligue 1 entre le Paris Saint-Germain FC et le Metz FC au Parc des princes, le 28 avril 2015 à Paris. (Xavier Laine/Getty Images)
publié le 28 décembre 2024 à 10h16

Serge Atlaoui pourra-t-il rentrer chez lui ? La France a transmis à l’Indonésie une demande officielle de «transfèrement» de son ressortissant, a fait savoir ce samedi 28 décembre un ministre indonésien. Le Français a été condamné à mort par le pays asiatique en 2007 pour trafic de drogue. La demande de l’Hexagone intervient alors que Jakarta a récemment rapatrié une Philippine également condamnée à mort.

«Nous avons reçu une lettre officielle demandant le transfèrement de Serge Atlaoui le 19 décembre. La lettre a été envoyée au nom du ministre français de la Justice», a déclaré Yusril Ihza Mahendra, le ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains. L’ambassade de France à Jakarta, elle, n’a pas souhaité commenter cette annonce.

Serge Atlaoui, 61 ans, avait été arrêté en 2005 dans une usine où de la drogue avait été découverte, en banlieue de Jakarta, les autorités l’accusant d’être un «chimiste». L’artisan soudeur venu de Metz (nord-est) père de quatre enfants, s’est toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique. L’affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde.

Peine capitale en appel

Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence, le condamnant à la peine capitale en appel. Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis temporaire après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours. «Dans la mesure où nous sommes en période de congés de fin d’année, nous discuterons du contenu de la lettre début janvier», a ajouté Yusril Ihza Mahendra.

Une discussion «plus détaillée» sera menée par des responsables relevant du ministère. De même, le ministère français de la Justice pourrait également impliquer des personnels de l’ambassade de France à Jakarta, selon Yusril Ihza Mahendra.

Yusril Ihza Mahendra avait indiqué fin novembre que la France avait transmis une première demande à l’Indonésie. Le ministère français de la justice avait alors sollicité Jakarta pour obtenir une série de documents afin de préparer la demande officielle de transfèrement, selon une source proche du dossier. Son avocat français, Richard Sédillot, avait alors indiqué que «l’idée que sa peine puisse aujourd’hui être commuée, et que son transfert puisse être ensuite ordonné, constitue un espoir considérable».

530 condamnés dans le couloir de la mort

L’Indonésie compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l’association de défense des droits Kontras, citant des données officielles. Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont deux femmes, selon le ministère de l’Immigration et des services correctionnels. Une Philippine de 39 ans, Mary Jane Veloso, arrêtée en 2010 et également condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, a été rapatriée aux Philippines à la mi-décembre, après un accord passé entre les deux pays.

Par ailleurs, cinq membres des «neuf de Bali» – surnoms donnés à ces Australiens arrêtés sur l’île touristique en 2005 pour trafic de drogue et condamnés à de lourdes peines de prison – ont été rapatriés dans leur pays le 15 décembre. Un autre Français, Félix Dorfin, arrêté sur l’île touristique de Lombok, avait été condamné au-delà des réquisitions à la peine de mort en 2019, également pour un trafic de drogue qu’il a toujours nié. La sentence a ensuite été commuée en une peine de 19 années de prison, qu’il purge actuellement.

Selon l’association ECPM, en plus de Serge Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde : deux hommes au Maroc et un en Chine, ainsi qu’une femme en Algérie. Les dernières exécutions capitales en Indonésie remontent à 2016 : un Indonésien et trois Nigérians, condamnés pour trafic de drogue toujours, avaient été fusillés.