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Libération
Reportage

Service militaire en Birmanie : «Les jeunes ne perdent plus de temps pour s’en aller»

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L’instauration, en avril par la junte, d’une conscription obligatoire pour 13 millions d’hommes et de femmes de 18 à 35 ans provoque le départ de nombreux d’entre eux à l’étranger ou dans les rangs de la résistance et bouscule encore plus une jeunesse fragilisée par trois ans de coup d’Etat.
Une file d'attente pour obtenir un visa devant l'ambassade de Thaïlande à Rangoun, le 16 février, après que le gouvernement militaire du Myanmar a annoncé qu'il imposerait un service militaire. (AFP)
par Juliette Verlin, Correspondante à Rangoun
publié le 11 mars 2024 à 16h17

«En un claquement de doigts, tout est détruit.» Khine (1) a les yeux rougis par les larmes et la fatigue. Son compagnon, Aung Htin, serre sa main dans la sienne. Le jeune couple passait son tout premier week-end en dehors de Rangoun depuis leur rencontre, lorsqu’ils ont appris la nouvelle. A 28 et 24 ans, ils sont tous deux concernés par l’annonce, le 10 février, de la réquisition d’une partie de la population pour être enrôlé dans l’armée. Alors, de retour à Rangoun, il leur a fallu étudier leurs options. «Jamais je ne me suis posé la question de rejoindre leurs rangs. C’est impensable», ajoute Aung Htin. Khine replace derrière les oreilles ses cheveux colorés en blond : «Nous n’en parlons pas plus que nécessaire. C’est douloureux.»

Dans un pays en crise politique et économique depuis le coup d’Etat en février 2021, le commandant en chef Min Aung Hlaing vient d’infliger ce qui s’apparente à un coup de grâce pour toute une génération de son pays :