«En un claquement de doigts, tout est détruit.» Khine (1) a les yeux rougis par les larmes et la fatigue. Son compagnon, Aung Htin, serre sa main dans la sienne. Le jeune couple passait son tout premier week-end en dehors de Rangoun depuis leur rencontre, lorsqu’ils ont appris la nouvelle. A 28 et 24 ans, ils sont tous deux concernés par l’annonce, le 10 février, de la réquisition d’une partie de la population pour être enrôlé dans l’armée. Alors, de retour à Rangoun, il leur a fallu étudier leurs options. «Jamais je ne me suis posé la question de rejoindre leurs rangs. C’est impensable», ajoute Aung Htin. Khine replace derrière les oreilles ses cheveux colorés en blond : «Nous n’en parlons pas plus que nécessaire. C’est douloureux.»
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Dans un pays en crise politique et économique depuis le coup d’Etat en février 2021, le commandant en chef Min Aung Hlaing vient d’infliger ce qui s’apparente à un coup de grâce pour toute une génération de son pays :