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Libération
Reportage

«Si nos enfants oublient notre identité, la Chine aura gagné» : au Kazakhstan, la jeunesse ouïghoure renoue avec la résistance culturelle

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Effacée par la «soviétisation», la diaspora ouïghoure d’Asie centrale tente de se réapproprier ses traditions et de mettre la lumière sur les crimes commis par Pékin.
250 000 Ouïghours vivent au Kazakhstan. Ici à Astana, la capitale. (The Washington Post/Getty Images)
par Manon Madec, correspondante à Almaty (Kazakhstan)
publié le 21 juin 2025 à 18h05

Avec ses fenêtres teintées et son architecture soviétique, le Théâtre ouïghour d’Almaty n’attire pas les regards et les promeneurs passent devant sans y prêter attention. Ce bâtiment des années 30 est pourtant le témoin visible de l’âge d’or de la diaspora ouïghoure au Kazakhstan, où vit la plus grande communauté de ce peuple turcophone originaire du Turkestan oriental (appelé Xinjiang en Chine) d’où ils sont originaires. Dans les années 1960, «des milliers de Ouïghours fuyant la Chine ont rejoint les Yerliks, arrivés au XIXe siècle», explique Sean Roberts, professeur d’affaires internationales à l’université George Washington aux Etats-Unis. Au Kazakhstan, l’Union soviétique finançait écoles, académies scientifiques, théâtres et journaux ouïghours pour montrer que, contrairement à la Chine, elle traitait bien les minorités». Même intéressé, ce soutien a permis de donner une voix aux activistes ouïghours en exil.

«Un iceberg à la dérive»

Aujourd’hui, toute trace de cet activisme a disparu. Comme le théâtre, les 250 000 Ouïghours du Kazakhstan se sont fondus dans la masse. Pour l’ONU, ce sont bien des «crimes contre l’humanité» dont