C’est encore la nuit à Paris quand tombe la nouvelle. «Historique et exceptionnel.» Les deux adjectifs sont au cœur d’un court communiqué que l’Elysée s’empresse de publier au milieu de la nuit du 26 avril 2016. Quelques instants plus tôt, à 15 000 kilomètres de Paris, le gouvernement australien de Malcolm Turnbull a sélectionné la société française DCNS comme «partenaire international privilégié pour la conception des 12 sous-marins du futur», de type Barracuda. Des submersibles à propulsion diesel puisqu’en 2009, «le gouvernement [australien] a exclu la propulsion nucléaire pour ces sous-marins», selon le Defense White Paper.
Le chef du gouvernement australien n’est alors pas avare en superlatifs : «Le projet de sous-marins du futur est l’acquisition de défense la plus importante et la plus complexe que l’Australie ait jamais entreprise. Il constituera un élément essentiel de notre capacité de défense jusqu’au milieu du siècle.» Turnbull se félicite de «créer une industrie australienne de construction navale durable […] pour investir dans l’innovation et la technologie et développer sa main-d’œuvre». Il souligne l’importance d’un tel contrat de 50 milliards de dollars australiens [34 milliards d’euros, ndlr] pour l’emploi : au moins 2 800 postes seront créés, notamment aux chantiers navals d’Adélaïd