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Interview

«Sur certains points, la Chine est revenue aux années 50»

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Au moment où le Parti communiste chinois célèbre ses cent ans, Chloé Froissart, sinologue à l’Inalco, analyse la filiation entre Xi Jinping et Mao Zedong.
En 1949. (AP)
publié le 1er juillet 2021 à 7h48

Culte de la personnalité, centralisation de tous les pouvoirs… Par certains aspects, Xi Jinping, l’actuel président chinois, peut être comparé à Mao Zedong, un des pères fondateurs du Parti communiste chinois, à la tête de la république populaire de Chine de 1949 jusqu’à sa mort en 1976. Chloé Froissart, sinologue et professeure de sciences politiques à l’Inalco, explique les similitudes mais aussi les grandes différences entre les deux dirigeants de la république populaire.

En quoi peut-on parler de filiation entre Xi Jinping et Mao Zedong ?

Le plus évident est le retour de l’emprise du Parti sur l’Etat et la société. Alors que Deng Xiaoping [qui dirigea la Chine de 1978 à 1992, ndlr] avait donné aux gouvernements locaux une capacité d’initiative et d’innovation, Xi Jinping a procédé à une recentralisation très forte. Il a repris la formule de Mao : «A l’est, au sud, à l’ouest, au nord, le Parti dirige tout.» Il a créé onze commissions centrales sur les «priorités de l’Etat» (cybersécurité, sécurité nationale, gestion des religions…), qu’il dirige lui-même. Dans la lignée du mode de gouvernance maoïste, ces petits groupes dirigeants concentrent un pouvoir extraordinaire. Le Parti phagocyte l’Etat à tous les niveaux. Toutes les entreprises, y compris étrangères, toutes les organisations sociales comptant au moins trois membres du PCC doivent créer une cellule du Parti, qui oriente, contrôle et exécute. La loyauté au Parti prime sur tout, et ce dernier a to