Le soleil vient à peine de se lever lorsque Hao-Wei (1), ingénieur taïwanais de 27 ans, part pour sa randonnée hebdomadaire dans les montagnes entourant le parc industriel de Tainan, dans le sud de Taiwan. Sur le tableau de bord de son crossover noir, Hao-Wei a fièrement placé le badge de son entreprise : TSMC, le leader mondial des circuits intégrés, pièce maîtresse de tout produit électronique, dont le chiffre d’affaires de 53 milliards d’euros en 2021 équivaut au PIB du Liban avant la crise de 2019.
Le créneau matinal est précieux. Une heure plus tard, le jeune employé devra retourner au «Fab numéro 18» et prendre la relève dans la gestion des machines à extrême ultraviolet qui gravent les circuits à la plus petite finesse au monde (5 nanomètres, soit 20 000 fois plus fin qu’un cheveu). «Sais-tu combien il y a de secondes dans une journée ? s’amuse l’ingénieur. Moi oui. Chez TSMC, chaque seconde vaut de l’or, la production ne doit jamais s’arrêter.»
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Malgré des horaires de travail à la limite du supportable et un management qu’il qualifie de «despotique», Hao-Wei sait qu’il travaille pour la perle de Taiwan. Dans ce pays de 24 millions d’habitants