Un début de réparation originale et bien accueillie. Emprisonné depuis le 19 avril pour une tentative de viol sur une femme de son village en Inde, Lalan Kumar vient d’être libéré sous caution en raison de sa bonne conduite en détention. Mais avec une condition particulière pour sa remise en liberté : laver et repasser à ses frais le linge des 2 000 femmes du village de Majhor, situé dans l’Etat du Bihar (dans le nord-est du pays), pendant six mois. Blanchisseur, âgé de 20 ans, il devra acheter tout le matériel nécessaire et produits adéquats (machines à laver, fers à repasser, lessive, savon) pour répondre à la demande du juge.
Pour mémoire
Pour l’heure, aucune date de procès n’a encore été prononcée. Mais les femmes du village se réjouissent de la décision, qu’elles qualifient d’«historique». «Cela va renforcer le respect pour les femmes et aider à protéger leur dignité», a déclaré Nasima Khatoon, l’une des villageoises qui surveillera Lalan Kumar. Elles considèrent que cet événement permettra de sensibiliser à la cause des femmes et que le thème de la criminalité sera désormais placé au cœur des débats. «C’est une étape remarquable et un type de punition différent qui envoie un message à la société», a déclaré une résidente de Majhor. Une décision nouvelle donc, à vocation éducative, qui va dans le sens des femmes et qui leur témoigne du soutien de la justice.
Depuis l’atroce affaire Jyoti Singh en 2012, cette étudiante violée dans un bus et morte à la suite de ses blessures, l’Inde a renforcé ses mesures de répression des violences sexuelles. Les lois indiennes se veulent davantage intransigeantes à l’égard des agresseurs sexuels. Des avancées notables en matière de droit des femmes. La peine de mort a notamment été introduite dans les cas de viols perpétrés par des récidivistes ou ayant entraîné la mort de la victime. En 2020, plus de 28 000 viols ont été signalés. Si des progrès sont faits en matière de protection et de reconnaissance des victimes, le chemin est long dans cette société encore en grande partie régie par le patriarcat.