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Libération
Retour à la case prison

Thaïlande : de retour dans son pays, l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra emprisonné

L’homme politique a été incarcéré à Bangkok ce mardi 9 septembre sur décision de la Cour suprême. Il doit pour purger une peine d’un an ferme pour corruption et abus de pouvoir dont il n’avait effectué que six mois, en hôpital.

Paetongtarn Shinawatra, ex-Première ministre destituée fin août, et son père Thaksin à la Cour suprême thaïlandaise, ce mardi 9 septembre 2025 à Bangkok. (Wason Wanichakorn/AP)
Publié aujourd'hui à 8h24

L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, en poste de 2001 à 2006, est arrivé dans une prison de Bangkok ce mardi 9 septembre pour purger une peine d’un an ferme, a annoncé un responsable de l’administration pénitentiaire, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Un arrêt de la Cour suprême a ordonné l’incarcération de Thaksin Shinawatra en application d’une condamnation initiale à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir dont il n’avait effectué que six mois, en hôpital, après son retour d’exil en 2023.

La Cour suprême a jugé ce mardi qu’il n’a pas correctement purgé sa peine d’emprisonnement : «l’avoir envoyé à l’hôpital n’était pas légal, l’accusé sait que sa maladie ne constituait pas un problème urgent, et être resté à l’hôpital ne peut compter comme une peine de prison», a-t-elle exposé dans sa décision.

«Mon père reste un chef spirituel, que ce soit par sa fonction politique passée, ses contributions pour le pays ou son intention sincère de participer à l’amélioration de la vie» des Thaïlandais, s’est exprimée sa fille Paetongtarn, ex-Première ministre destituée fin août, à l’extérieur de la Cour suprême.

La famille Shinawatra domine la vie politique thaïlandaise depuis deux décennies. Elle a longtemps été l’ennemie jurée de l’élite favorable à l’armée et au pouvoir royal, qui considérait son populisme comme une menace pour l’ordre social traditionnel. Une centaine de policiers étaient mobilisés ce mardi matin devant la Cour suprême, où une poignée de partisans de Thaksin Shinawatra se sont rassemblés, vêtus du rouge de son mouvement politique.

Suspicions

La dynastie est revenue au pouvoir en 2023, mais des revers juridiques et politiques l’ont récemment mise à mal. Un nouveau gouvernement a été formé vendredi sans inclure le parti lié à la famille, le Pheu Thai, après l’éviction de Paetongtarn Shinawatra, fille de Thaksin, accusée d’avoir manqué de respect à l’armée en pleine crise entre la Thaïlande et le Cambodge.

Son père, ancien Premier ministre de 2001 à 2006 avait été condamné à une peine de huit ans d’emprisonnement pour corruption et abus de pouvoir, qu’il n’a jamais purgée en prison.

Revenu d’un long exil à l’étranger en août 2023, Thaksin a séjourné dans une chambre privée d’un hôpital de la police de Bangkok. Puis, une grâce royale a réduit sa peine à un an d’emprisonnement, avant sa libération anticipée par égard à son âge en février 2024.

Le transfert à l’hôpital de Thaksin et la date de son retour d’exil – qui coïncidaient avec la formation d’un nouveau gouvernement dominé par le parti des Shinawatra – ont nourri les suspicions quant à un traitement de faveur dont l’ex-Premier ministre aurait bénéficié.

Une enquête a été ouverte en avril par une division de la Cour suprême. Des responsables pénitentiaires et médicaux ont été interrogés afin de déterminer si la peine de Thaksin Shinawatra avait été purgée correctement.

«Ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance»

L’arrêt de la Cour suprême intervient quelques jours après le renversement du Pheu Thai, au gouvernement depuis 2023. Une coalition menée par un ancien allié du parti familial, Anutin Charnvirakul, a finalement pris les rênes du pouvoir la semaine dernière. Il n’y aura «ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance» à l’encontre de Thaksin, a promis le nouveau chef du gouvernement, tout en assurant qu’il organiserait de nouvelles élections législatives sous quatre mois.

Thaksin Shinawatra est revenu en Thaïlande lundi en jet privé, après quelques jours passés hors du pays qui avaient alimenté des rumeurs dans la presse nationale d’une possible fuite à l’étranger. Il avait promis d’assister à l’audience de la Cour suprême en personne.

Thaksin Shinawatra, 76 ans, a été acquitté fin août à l’issue d’un procès pour crime de lèse-majesté, concernant des propos publiés en 2015 par un média sud-coréen. Il encourait pour ces faits jusqu’à 15 ans d’emprisonnement, au titre de la loi thaïlandaise interdisant toute critique du roi et de sa famille.