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Libération
Récit

Thaïlande : l’hypocrisie malsaine derrière la répression d’une vidéo porno d’un couple amateur

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Un couple qui s’était filmé pour un site payant est poursuivi pour «atteinte à la morale». L’affaire, qui suscite beaucoup de réactions, témoigne d’une relation ambivalente au commerce du sexe dans un pays où il est florissant.
Dans un pays qui fait la part belle au commerce du sexe, la poursuite implacable d'un couple qui a produit une vidéo de porno amateur relève de l'hypocrisie. (Olivier CHOUCHANA/Gamma-Rapho via Getty Images)
publié le 9 octobre 2021 à 9h09

Sur une vidéo prise par un policier, on voit au moins deux officiers, un homme et une femme, se présenter à la porte d’un studio de la banlieue de Bangkok. Deux jeunes en T-shirts extra-larges, presque des ados, émergent de la petite pièce éclairée au néon. La jeune fille a un carré court, l’air stupéfait. Quand dans l’anxiété du moment, la policière fait tomber des documents – les deux mandats d’arrêt – au sol, elle se précipite pour les ramasser et lui tend poliment.

Les images de l’arrestation de la jeune Nong Khai Nao («Mademoiselle Œuf Pourri», de son nom de scène), 19 ans et son petit ami, 20 ans, tournent en bouclent sur les réseaux sociaux thaïlandais depuis dix jours. Leur crime ? S’être mis en scène dans des vidéos pornos amateur, mises en ligne sur la plateforme payante Onlyfans. La jeune étudiante en droit a expliqué lors d’une conférence de presse à laquelle elle a été contrainte de participer, que comme des millions de Thaïlandais, elle avait perdu son job d’étudiante à cause des restrictions sanitaires et qu’elle s’était alors tournée vers la plateforme, qui permet aux créateurs de contenu de publier des vidéos explicites, réservées à des abonnés payants, en échange de 20% des gains. Après quelques jours en prison, le jeune couple a finalement été libéré sous caution mais ils risquent jusqu’à trois ans de pri