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Thaïlande: Rung, visage de la jeunesse bâillonnée

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Figure du mouvement prodémocratie, la militante de 23 ans, qui réclame une réforme de la monarchie, est emprisonnée depuis mi-novembre. Le tour de vis répressif des autorités menace aussi les ONG.
L'activiste Rung, à Bangkok le 10 novembre. (Jack Taylor/AFP)
publié le 28 novembre 2021 à 7h50

Difficile de la joindre, Rung. Toujours occupée, entre ses cours à la fac et l’organisation des manifestations qui ont lieu chaque fin de semaine à Bangkok. Ce dimanche, c’est au tour des groupes LGBT de se rassembler dans la capitale thaïlandaise, pour exiger des avancées légales en faveur du mariage pour tous. Le mouvement étudiant prodémocratie, emmené par Rung et ses camarades, a fait fleurir une myriade de groupes en défense des minorités et, souvent, les mêmes militants se retrouvent sur le terrain. «Il y a une effervescence dans la jeunesse thaïlandaise, se réjouissait-elle il y a quelques mois. La certitude que c’est notre génération qui va changer le pays.» Pourtant ce dimanche, Rung ne pourra pas participer au défilé. Elle est enfermée à la prison centrale pour femmes de Bangkok. A 23 ans, c’est son troisième séjour.

Elle était pourtant arrivée plutôt détendue, le lundi 15 novembre, à la cour pénale des quartiers sud de la ville. Une audience de routine, qui concernait l’un des 26 chefs d’accusation qui pèsent contre elle (violation de la loi de lèse-majesté, loi sur l’informatique, interdiction de rassemblement, etc.). Aux quelques journalistes présents, elle explique, sous le contrôle de son avocat, qu’il n’y a pas grand-chose à craindre de l’audience d’aujourd’hui, et que «dans le pire des cas, on paiera une caution».

Affront suprême

Le juge devait examiner l’affaire dite du «crop-top». En décembre 2020, Rung et ses amis Pingouin, Mike et Benja, d’autres acti