L’effacement n’en finit pas de laisser des traces. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes dans cette affaire-zizanie qui convoque la culture et l’histoire, la France, la Chine et le Tibet au sein de deux grands musées à Paris. Depuis que des sinologues et des tibétologues ont révélé dans le Monde les changements dans la terminologie employée par le musée du Quai-Branly et le musée Guimet visant à escamoter le mot «Tibet» dans les salles d’exposition et les catalogues, la communauté tibétaine a fait part de ses inquiétudes et se mobilise.
Elle dénonce une «réécriture de l’histoire» et une «suppression qui montre un alignement sur la politique chinoise de sinisation du Tibet et de son identité culturelle et linguistique», comme elle l’a écrit au musée Guimet dans une lettre en date du 8 septembre. Dimanche, à partir de 15 heures, elle appelle à manifester place du Trocadéro à Paris, non loin de l’institution spécialisée dans les arts asiatiques et très engagée cette année dans une ambitieuse commémoration du soixantième anniversaire des relations diplomatiques France-Chine.
«La Chine impose son récit»
Député au parlement tibétain en exil, Thupten Gyatso sera dans le cortège. Il dénonce un climat «malsain dans les relations entre la France et la Chine. C’est consternant et choquant que la France se rabaisse ainsi et ne défende pas ses valeurs en laissant un régime totalitaire imposer son récit et sa vision du monde.» Il est convaincu que Pékin est à la manœuvre pour effacer les