Ils étaient les «enfants de l’Angkar», l’organisation secrète qui servait de paravent au parti communiste du Kampuchéa démocratique. En «mission» contre leur gré, souvent éloignés de leurs parents. Endoctrinés par les Khmers Rouges. Obligés de scruter leurs proches, dénoncer ceux qui déviaient de la ligne imposée. Condamnés aux travaux forcés. Aujourd’hui, cinquante ans après la prise de Phnom Penh par les hommes de Pol Pot, ils vivent encore avec des souvenirs, des sensations et des peurs tenaces. Ils constatent chaque jour l’empreinte de cette utopie meurtrière qui a coûté la vie à près de 2 millions de personnes, au Cambodge, entre 1975 et 1979.
Quand il revient sur ces années khmères rouges et sur la société cambodgienne aujourd’hui, Rithkiry Kang évoque un «héritage de violence». Sous un climatiseur qui ronronne dans son bureau de la banlieue de Phnom Penh, cet avocat de 58 ans raconte la terreur, les tueries, les mensonges. «La façon dont Pol Pot a détruit les familles, a fait tuer les gens à coups d