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Libération
Catastrophe

Après le crash d’un avion au Népal, les autorités n’ont plus d’espoir de retrouver des survivants

Le Népal meurtridossier
Dimanche, un avion de la compagnie Yeti Airlines transportant 72 personnes s’est écrasé au centre du pays. Il n’y aurait pas de survivant selon les autorités. Un Français se trouvait à bord.
Des sauveteurs inspectaient le site du crash d'un avion à Pokhara, dimanche. (ohit Giri /REUTERS)
publié le 15 janvier 2023 à 10h19
(mis à jour le 15 janvier 2023 à 11h14)

L’espoir de retrouver des survivants au lendemain de l’accident au Népal d’un avion transportant 72 personnes à bord est désormais «nul», a déclaré ce lundi matin un haut responsable local. «Nous avons retrouvé 68 corps jusqu’à présent. Nous sommes à la recherche de quatre autres corps […]. Nous prions pour qu’un miracle se produise. Mais, l’espoir de retrouver quelqu’un en vie est nul», a affirmé Tek Bahadur KC, chef du district de Taksi où l’avion s’est écrasé dimanche.

Plusieurs ressortissants étrangers se trouvaient à bord de l’aéroplane en provenance de Katmandou qui devait atterrir à Pokhara : cinq en provenance d’Inde, quatre Russes, deux Coréens, un Australien, un Argentin, un Irlandais et un Français.

Quelques heures après le crash d’un avion de la compagnie aérienne Yeti Airlines au centre du Népal ce dimanche, la police locale avait annoncé qu’au moins 67 des 72 personnes à bord de l’appareil lors de l’accident étaient mortes. Dans la matinée, les autorités avaient annoncé, dans un premier temps, un nombre de victimes bien moins élevé. «Nous avons retrouvé 29 corps jusqu’à présent et avons également envoyé quelques survivants à l’hôpital» pour y recevoir des soins, déclarait Gurudatta Dhakal, responsable adjoint du district de Kaski, dans le centre du pays où l’appareil s’est écrasé.

Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montrait des dizaines de personnes massées tout autour d’un immense brasier, dégageant un épais nuage de fumée noire et opaque, au fond d’un ravin profond, dont la végétation était déjà réduite en cendres. Certains tentaient d’arroser avec des tuyaux le feu et les abords du ravin. La carlingue est en feu et les sauveteurs tentent d’éteindre l’incendie, a déclaré un responsable local Gurudutta Dhakal peu après le crash. «Des secours sont déjà arrivés sur place et tentent d’éteindre le feu», ajoutait-il, précisant qu’ils étaient «concentrés d’abord sur l’extinction du feu et sur le sauvetage des passagers».

Essor de l’industrie aérienne népalaise

L’industrie aérienne népalaise a connu un véritable essor ces dernières années, transportant aussi des marchandises et des personnes dans des régions difficiles d’accès, ou des randonneurs venus faire du trekking et des alpinistes étrangers. Un essor toutefois couplé à un manque de sécurité dû à une formation des pilotes et une maintenance insuffisantes. A tel point que l’Union européenne a interdit à tous les transporteurs népalais d’accéder à son espace aérien pour des raisons de sécurité.

Le pays himalayen possède également certaines des pistes les plus isolées et les plus délicates du monde, flanquées de pics enneigés dont l’approche constitue un défi même pour les pilotes chevronnés. Les exploitants d’avions affirment que le Népal ne dispose pas d’infrastructures permettant d’établir des prévisions météorologiques précises, en particulier dans les régions reculées au relief montagneux accidenté, où des accidents mortels ont eu lieu par le passé. D’autant que la météo change rapidement dans les montagnes, ce qui crée des conditions de vol encore plus ardues.

Crash en série

En mai 2022, les 22 personnes qui se trouvaient à bord d’un bimoteur Twin Otter exploité par la compagnie népalaise Tara Air - 16 Népalais, quatre Indiens et deux Allemands - sont mortes lorsque l’appareil s’est écrasé. Le contrôle du trafic aérien avait perdu le contact avec l’appareil à deux hélices peu après son décollage de Pokhara en direction de Jomsom, une destination de trekking populaire. Son épave avait été retrouvée un jour plus tard, sur le flanc d’une montagne à une altitude d’environ 4 400 mètres. Une soixantaine de personnes avaient participé à la mission de recherche, la plupart d’entre elles ayant parcouru des kilomètres à pied pour arriver sur place.

Après ce crash, les autorités ont renforcé les réglementations, notamment pour que les avions ne soient autorisés à voler uniquement si les prévisions météorologiques sont favorables tout au long du trajet. En mars 2018, un avion de la compagnie US-Bangla Airlines s’était écrasé près de l’aéroport international de Katmandou, notoirement difficile d’accès, tuant 51 personnes. Cet accident a été le plus meurtrier au Népal depuis 1992, lorsque les 167 personnes à bord d’un avion de Pakistan International Airlines sont mortes dans un crash à l’approche de Katmandou. Deux mois plus tôt, un avion de Thai Airways s’était écrasé près du même aéroport, tuant 113 personnes.

Mis à jour : ce lundi à 8 h 26, avec l’ajout de la déclaration du chef du district de Taksi