Une bonne nouvelle à célébrer pour les défenseurs de la liberté d’expression à Hongkong. Ce lundi 5 juin, cinq juges de la Cour suprême ont annulé la condamnation pour «fausse déclaration» de la journaliste indépendante Boa Choy.
En 2021, un tribunal avait condamné Bao Choy à une amende de 6 000 HKD (700 euros) après l’avoir reconnue coupable de «fausse déclaration» pour avoir obtenu, dans un registre public, les relevés de propriété d’un véhicule dans le cadre d’une enquête qu’elle réalisait. Pour obtenir ces informations, Bao Choy avait dû remplir un formulaire en ligne qui prévoyait trois options pour les demandeurs : «pour les procédures judiciaires», «pour la vente et l’achat de véhicules» et «pour d’autres questions liées à la circulation et au transport». Parce qu’elle avait choisi la dernière option, le tribunal de première instance avait jugé qu’elle avait sciemment émis une «fausse déclaration» et qu’il ne pouvait s’agir d’un but journalistique. Toutefois, dans son verdict ce lundi matin, la Cour suprême estime qu’«il n’y avait aucune raison […] que le journalisme de bonne foi soit exclu» dans la définition du troisième choix. Ils ont ajouté que cette interprétation large était liée à la «liberté d’expression et de la presse protégée par la Constitution».
La journaliste travaillait sur un documentaire qui enquêtait sur la réactivité de la police lors des évènements violents survenus pendant les manifestations pro-démocratie en 2019 à Hongkong, notamment lorsqu’en juillet une centaine d’hommes armés de bâtons ont frappé des manifestants. Le documentaire en question, primé, affirme que le soir de l’agression, la police n’a pas réagi à l’arrivée en masse de ces hommes à bord de véhicules spéciaux dans le district de Yuen Long. En utilisant les registres de propriété des véhicules présents aux alentours de la zone d’agression, le documentaire de Bao Choy a révélé de nouveaux détails sur les agresseurs présumés, dont certains ont des liens avec des comités ruraux pro-Pékin et politiquement influents.
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Interrogée à l’issue du verdict, Bao Choy a déclaré ce lundi être «heureuse» et qu’elle «ne trouve pas d’autre mot pour décrire [son] état d’esprit en ce moment». «Je pense que ce genre de bonheur doit être partagé par tous dans notre société», a-t-elle ajouté.
Cette décision constitue une rare victoire pour les médias de Hongkong où deux grands organes de presse indépendants ont été contraints de fermer depuis que Pékin a imposé une loi sur la sécurité nationale en 2020.