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Procès

Victime de harcèlement en France, l’universitaire ouïghoure Dilnur Reyhan condamnée pour dégradation de biens

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La condamnation de la chercheuse à une peine d’amende pour avoir jeté de la peinture à l’eau sur un stand de l’ambassade de Chine en 2022 illustre la stratégie d’intimidation et la répression des autorités chinoises au-delà des frontières. La militante fera appel.

L'activiste Dilnur Reyhan lors d'une manifestation de soutien aux Ouïghours à Paris, le 3 décembre 2022. (Anna Margueritat /Hans Lucas / AFP)
ParArnaud Vaulerin
Journaliste - International
Publié le 14/10/2025 à 5h38

Un simple jet de peinture à l’eau et trois années d’une procédure judiciaire sans fin. Alors que justiciables et magistrats se plaignent à juste titre d’un encombrement des tribunaux et du pas trop lent de la justice, le tribunal judiciaire d’Evry (Essonne) a consacré deux longues heures ce lundi 13 octobre à une affaire pour le moins anecdotique, classée sans suite il y a deux ans. Avant que le parquet général, contre toute attente, ne demande la réouverture du dossier au printemps 2024. Et fasse de cette action un cas d’école pour illustrer la répression transnationale à laquelle se livrent les régimes autoritaires en dehors de leurs frontières.

Dans cette affaire, il est reproché à Dilnur Reyhan d’avoir jeté de la peinture rouge sur un kakemono (une affiche verticale) d’un stand de l’ambassade de Chine lors de la Fête de l’humanité le 11 septembre 2022. Chercheuse enseignante à l’Inalco et à Sciences-Po, ainsi que présidente de l’Institut ouïghour d’Europe, cette citoyenne française dénonce depuis une dizaine d’années le génocide en cours de son peuple en Chine.

«Rouge sang»

C’est à ce titre que Dilnur Reyhan est allée manifester en brandissant un drapeau bleu ciel orné d’un croissant et d’une étoile blanche symbolisant la nation ouïghoure, avant de jeter de la peinture, «couleur rouge sang»