Au moins vingt personnes sont portées disparues après les violentes manifestations qui secouent l’Indonésie depuis la semaine dernière, a indiqué ce mardi 2 septembre une organisation locale de défense des droits humains. «Après les recherches et les vérifications, vingt personnes disparues restent introuvables», a déclaré la Commission pour les personnes disparues et les victimes de violences (KontraS) dans un communiqué. De nouveaux rassemblements sont attendus dans la journée.
Les manifestations ont débuté le 25 août pour protester contre les bas salaires, la corruption et de nouveaux avantages financiers accordés aux députés indonésiens. Elles ont dégénéré après la mort jeudi à Jakarta d’un chauffeur de moto-taxi écrasé par un fourgon de police et ont fait à ce jour six morts. KontraS a précisé que les 20 personnes ont été portées disparues dans les villes de Bandung, Jakarta et Depok, ville proche de la capitale ainsi que dans un «lieu inconnu». Contactée par l’AFP, la police nationale n’a pas réagi dans l’immédiat.
1 240 personnes arrêtées
Des milliers de personnes ont de nouveau manifesté lundi 1er septembre dans plusieurs villes d’Indonésie et l’armée s’est déployée dans les rues de Jakarta. Les Nations unies ont réclamé ce même jour l’ouverture d’enquêtes rapides, approfondies et transparentes sur les six morts et sur «l’usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre». La police a arrêté 1 240 personnes dans la capitale indonésienne lors des manifestations depuis le 25 août, a déclaré l’inspecteur général de la police métropolitaine de la capitale, Asep Edi Suheri, a rapporté l’agence de presse d’Etat Antara.
Dimanche, le Président, Prabowo Subianto, qui fait face aux protestations les plus massives depuis son arrivée au pouvoir il y a moins d’un an, a tenté de répondre aux revendications des protestataires en annonçant la suppression d’une indemnité qui devait être versée aux députés. Mais le calme ne revient pas pour autant. Lundi, environ 500 personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Jakarta, sous la surveillance de dizaines de soldats et policiers, avant de se disperser dans le calme. De nouvelles manifestations sont attendues dans la journée devant le Parlement, à l’appel notamment d’une coalition de groupes de femmes, qui avait annulé son appel la veille.
Cocktails Molotov
A Bandung (sud de Jakarta), lundi, des manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur un bâtiment du conseil provincial, avant que la police ne tire dans la nuit des gaz lacrymogènes sur des «anarchistes présumés» qui bloquaient une route. Des affrontements ont eu lieu entre policiers et manifestants. Les forces de police ont accusé les manifestants d’avoir tenté de les attirer sur un campus de l’Université islamique de Bandung et de «provoquer un conflit», a déclaré Hendra Rochman, porte-parole de la police de Java occidental, dans un communiqué mardi.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes ont affirmé que la police avait tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc et avait pris d’assaut le campus. Ce à quoi Hendra Rochman a répondu que «les policiers ont maintenu une distance d’environ 200 mètres avec le campus et aucun coup de feu n’a été tiré». Lors d’une conférence de presse, l’université a nié que ses étudiants aient été à l’origine de troubles.