L’annonce du vol meurtrier de Singapore Airlines avait suscité l’émoi mardi 21 mai. Quelques heures plus tard, vingt personnes ayant voyagé à bord se trouvent encore en soins intensifs dans la capitale thaïlandaise, a annoncé ce mercredi l’hôpital Samitivej de Bangkok. Ces patients sont originaires d’Australie, de Grande-Bretagne, de Hong Kong, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande, de Singapour et des Philippines. Avant d’ajouter que 58 personnes étaient toujours en traitement, et que 27 autres avaient été autorisées à quitter l’hôpital.
Sur les 211 passagers à bord, la majorité a finalement pu atterrir à Singapour ce mercredi. Arrivés dans la matinée via un vol de secours, ils ont rejoint leurs proches au milieu d’«embrassades» et de «quelques larmes», décrit le quotidien singapourien The Straits Times. Le voyage s’est cette fois-ci déroulé sans encombre, contrastant «fortement» avec l’expérience traumatisante vécue quelques heures plus tôt.
A lire aussi
Mardi, les voyageurs et 18 membres d’équipage avaient quitté l’aéroport londonien d’Heathrow, à bord d’un Boeing 777 de la Singapore Airlines. Mais après environ dix heures de vol, l’avion s’est violemment élevé puis a plongé à plusieurs reprises, en raison de «turbulences extrêmes et soudaines», a expliqué le PDG de Singapore Airlines, Goh Choo Phong, dans une vidéo, avant de finalement atterrir d’urgence à Bangkok. Un voyageur britannique de 73 ans est mort, d’une crise cardiaque présumée, et 83 individus ont été blessés pendant les secousses, selon l’aéroport de la capitale thaïlandaise.
Depuis, quelques passagers ont témoigné de la panique qui régnait à bord au moment du drame. Andrew Davies, un passager britannique, a raconté à BBC Radio 5 que l’avion avait «soudainement chuté» et qu’il y avait eu «très peu d’avertissement». «Pendant les quelques secondes qui ont suivi la chute de l’avion, on a entendu un cri terrible et ce qui ressemblait à un bruit sourd», a-t-il précisé, ajoutant qu’il avait aidé une femme qui «hurlait» et qui avait une «entaille à la tête».
Sur des photos prises dans l’avion, on aperçoit un sol jonché de nourriture, de bagages à main et de détritus. Les masques à oxygène, eux, pendent du plafond, alors que certains passagers semblent être tombés de leurs sièges. «J’ai vu des gens de l’autre côté de l’allée se mettre complètement à l’horizontale, heurter le plafond et retomber dans des positions très inconfortables. Des gens qui se faisaient des entailles massives à la tête, des commotions cérébrales», a confirmé à Reuters Dzafran Azmir, un étudiant malaisien de 28 ans qui se trouvait à bord. Le jeune homme, qui assure qu’il avait mis sa ceinture de sécurité, affirme que beaucoup d’autres passagers ne l’avaient pas.
Dans son message vidéo publié ce mercredi, le PDG de Singapore Airlines, Goh Choon Phong, s’est dit «vraiment désolé pour l’expérience traumatisante» vécue par les personnes à bord. «Je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de la personne décédée», a-t-il ajouté. Le Premier ministre de Singapour, Lawrence Wong, a lui aussi tenu à adresser ses «plus sincères condoléances» à la famille et aux proches du passager décédé, qui était directeur d’un théâtre près de Bristol. Il a ensuite assuré que son pays «travaillait en étroite collaboration avec les autorités thaïlandaises», alors qu’une équipe d’enquêteurs singapouriens a été envoyée à Bangkok.
De potentielles turbulences «en air clair»
Pour l’heure, difficile de savoir ce qui a causé les fortes turbulences. Selon des experts, l’appareil pourrait avoir subi des turbulences dites «en air clair», soit le type de turbulence «le plus dangereux», selon un communiqué de l’Association of Flight Attendants-CWA, qui sont plus difficiles à détecter ou à prévoir. Elles sont définies comme «des turbulences soudaines et importantes se produisant dans des zones sans nuage et causant de violentes secousses de l’avion», ajoute le régulateur américain de l’aviation civile (FAA).
Ces turbulences pourraient d’ailleurs être de plus en plus fréquentes à cause du changement climatique, estiment les scientifiques. Selon une étude réalisée en 2023, la durée annuelle des turbulences a augmenté de 17 % entre 1979 et 2020 et les turbulences sévères, plus rares, de plus de 50 %. Quoi qu’il en soit, la journaliste aéronautique Sally Gethin rappelle à la BBC Radio 5 que, en cas de secousses, le port de la ceinture de sécurité peut faire la «différence entre la vie et la mort».