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Industrie textile

Zara, Levi’s, Hugo Boss : les grandes marques de prêt-à-porter toujours accros au travail forcé ouïghour

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La répression des Ouïghours en Chinedossier
En s’appuyant sur un rapport de l’université de Sheffield Hallam, les sociaux-démocrates du Parlement européen réclament l’instauration de règles commerciales qui permettraient de saisir à la frontière les vêtements entachés de fort soupçon de travail forcé au Xinjiang, en Chine.
Lors d'une manifestation de défense des Ouïghours, en Turquie, en février 2021. (Ozan Kose/AFP)
publié le 6 décembre 2023 à 10h44

Amanjan Ghappar avait 19 ans et un regard d’enfant perdu quand il a été raflé en juillet 2017 dans son village du sud du Xinjiang sur la base d’un signalement de l’application Ijop de la police chinoise, vraisemblablement pour avoir utilisé un VPN et une application interdite comme WhatsApp ou Facebook. Condamné à sept ans de prison pour «troubles à l’ordre public», il est enfermé à la prison de Shayar, où le travail est obligatoire (1). On se doutait déjà que son labeur et celui de centaines de milliers de Ouïghours emprisonnés ou placés de force dans les champs ou dans les usines atterrissaient sur les rayons des magasins de vêtements en France et en Europe. Le rapport «Retracer les chaînes d’approvisionnement de l’habillement de la région ouïghoure jusqu’à l’Europe», publié ce mercredi par l’université de Sheffield Hallam et commandé par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates du Parlement européen, en apporte des preuves supplémentaires.

Programmes de transfert forcé

En plus d’immenses terres agricoles et d’une usine de traitement du pétrole, la prison de Shayar, où croupit un habitant du comté de Konasheher sur 25 – le plus haut taux d’emprisonnement connu au monde – abrite une usine de