Comme chaque année depuis huit décennies, la scène du siège des Nations unies à New York s’apprête à devenir l’arène diplomatique la plus observée du monde. Pendant six jours, du 23 au 29 septembre, 193 dirigeants vont se succéder au pupitre de l’Assemblée générale pour livrer leur vision de la paix, du multilatéralisme, du climat, ou encore de la justice sociale.
Qu’est-ce que le débat général de l’Assemblée générale de l’ONU ?
Le débat général est le temps fort annuel de l’Assemblée générale de l’ONU, où tous les Etats membres ont l’opportunité de prendre la parole devant l’ensemble de la communauté internationale. Il se déroule généralement chaque mois de septembre au siège de l’ONU, à New York. Cette année, les dirigeants du monde aborderont des enjeux majeurs tels que les conflits en Ukraine et à Gaza, les droits des femmes, le climat, ainsi que les défis liés à l’intelligence artificielle.
Dans quel ordre ont lieu les discours ?
Tradition oblige depuis 1947, c’est le Brésil qui ouvrira le bal : à l’époque, aucun pays ne voulait se lancer en premier, et le pays d’Amérique latine avait accepté ce rôle fondateur qui perdure depuis. Donald Trump, pour les Etats-Unis, pays hôte de ce grand raout diplomatique, prendra comme d’habitude la parole juste après. L’ordre de passage des autres pays est ensuite déterminé en fonction de la catégorie du représentant (chefs d’Etat d’abord, puis chefs de gouvernement, ministres et ambassadeurs) tout en tenant compte des préférences de date et d’horaire des délégations, et en veillant à un équilibre géographique pour que chaque session offre une diversité de discours.
Combien de temps les dirigeants vont-ils parler ?
Chaque pays dispose officiellement de quinze minutes pour son discours lors du débat général mais, en pratique, ce laps de temps peut être largement dépassé. Le record de la plus longue prise de parole remonte à 1960, lorsque Fidel Castro, alors Premier ministre cubain, avait parlé pendant plus de quatre heures, abordant des sujets sensibles comme le colonialisme, la politique américaine et l’attitude «peu chaleureuse» des autorités nord-américaines depuis son arrivée à New York. Les interventions sont traduites simultanément dans les six langues officielles de l’ONU (anglais, français, espagnol, arabe, russe et chinois).
Quels sont les grands discours attendus cette année ?
Sans surprise, la prise de parole de Donald Trump, ce mardi 23 septembre, sera particulièrement scrutée. Alors qu’il accueille l’organisation phare du multilatéralisme, le président américain continue paradoxalement de défendre une politique étrangère centrée sur le nationalisme et la réduction des engagements internationaux, allant jusqu’à démanteler l’agence américaine pour le développement international. L’ex-magnat de l’immobilier devrait également aborder les deux guerres qu’il se vantait de pouvoir régler en quelques jours et qui continuent de faire rage, en Ukraine et au Proche-Orient. Plus tard dans l’après-midi (dans la soirée en France), Emmanuel Macron s’exprimera à son tour à la tribune de l’ONU, au lendemain de la reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine.
L’homme fort de Kyiv, Volodymyr Zelensky, se déplacera également en personne à New York, où il prononcera son discours mercredi 24 septembre en fin de matinée (heure locale). Il devrait profiter de son séjour pour s’entretenir avec Donald Trump afin d’obtenir des garanties de sécurité pour l’Ukraine et des sanctions contre la Russie. Comme le président chinois Xi Jinping ou le Premier ministre indien Narendra Modi, le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine n’assistera pas à l’Assemblée générale. Il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui prendra la parole samedi 27 septembre.
Autre intervention très attendue : celle du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, prévue vendredi 26 septembre, dans un contexte de guerre à Gaza et d’un mandat d’arrêt lancé à son encontre par la Cour pénale internationale pour «crimes de guerre» et «crimes contre l’humanité». Privé de visa par les Etats-Unis, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’exprimera pour sa part par vidéoconférence, jeudi 25 septembre.
Quels dirigeants feront leur premier discours à l’ONU ?
C’est une première depuis 1967 : le président syrien Ahmed al-Charaa prononcera son discours en personne mercredi 25 septembre lors de cette Assemblée générale. Ancien dirigeant lié à Al-Qaeda, le nouvel homme fort de Damas, qui a pris la tête du pays à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre, avait remporté une victoire diplomatique majeure quelques mois plus tard en obtenant la reconnaissance de Donald Trump. Ce geste a conduit à la levée de la plupart des sanctions américaines et marqué le début d’une réintégration progressive de la Syrie sur la scène diplomatique internationale.
Les autorités talibanes ne sont de leur côté toujours pas reconnues par l’Assemblée générale des Nations unies et ne sont donc pas autorisées à participer aux débats de l’organisation internationale. En attendant une évolution politique majeure de l’Afghanistan, où les femmes subissent de plus en plus de persécutions, le pays est représenté par l’ancienne mission diplomatique de la République islamique, conformément à la pratique en vigueur depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021.