L’attentat de Moscou fait replonger la France des mois, voire des années en arrière. Avec, en ligne de mire, les Jeux olympiques dans quelques mois. Le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur se sont succédé, ce lundi 25 mars, pour rappeler la menace du terrorisme islamiste qui ne cesse de planer sur le pays, et qui justifie la décision de rehausser le niveau Vigipirate à «urgence attentat» prise la veille au soir.
Comme de coutume, Emmanuel Macron a ouvert le bal en personne dans la matinée, à peine atterri en Guyane pour des sujets locaux. Sur le tarmac de Cayenne, le président de la République a laissé entendre que l’Etat islamique au Khorassan, branche de l’EI ayant revendiqué l’attaque moscovite, serait bien derrière le carnage dans la capitale russe, «selon les informations dont nous disposons». Une organisation qui «avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives sur notre propre sol», a-t-il assuré.
Le chef de l’Etat a ensuite défendu le passage au niveau maximal du dispositif Vigipirate, une décision «cohérente» compte tenu des «d’éléments crédibles et solides» à disposition des services de renseignements français. En dépit d’une relative accalmie ces dernières années, l’Etat islamique au Khorassan semble actuellement le plus à même de frapper l’Occident, d’après les informations obtenues par Libération. Et ce, depuis plusieurs mois Cette menace est suffisamment importante pour pousser la France à «proposer aux services russes une coopération accrue», selon Emmanuel Macron, malgré des relations très tendues ces dernières semaines avec Moscou.
Décryptage
Des attentats déjoués «quasiment tous les mois»
En fin de matinée, Gérald Darmanin a profité d’un déplacement à Roubaix (Nord) sur le thème de la lutte contre le trafic de drogue pour jouer sa partition de «premier flic de France». Le ministre de l’Intérieur a confirmé que «beaucoup d’attentats» ont été déjoués dans l’Hexagone ces dernières années, en particulier «à la fin de l’année 2022». «Nous avons un système de renseignement extrêmement efficace. Nous empêchons des attentats de se dérouler quasiment tous les mois», a-t-il martelé. Estimant que «la France, parce qu’elle porte des valeurs universelles, qu’elle est pour la laïcité […] est particulièrement menacée», le locataire de Beauvau a néanmoins assuré que la police, la gendarmerie et les renseignements français «seront prêts» pour assurer la sécurité aux Jeux olympiques à Paris cet été.
Le soir venu, Gérald Darmanin a de nouveau pris la parole, cette fois au 20 heures de France 2. Le ministre de l’Intérieur a ajouté quelques précisions sur la menace terroriste. «Nous déjouons un attentat tous les deux mois», a-t-il assuré, expliquant que «les 8 derniers attentats déjoués» étaient le fait de l’Etat islamique. Le ministre a expliqué que le dernier en date visait «un centre commercial à Lille» et qu’il aurait été envisagé «le week-end dernier» par «un adolescent de 14 ans qui allait sans doute passer à l’acte».
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Jamais en reste dans la communication, le Premier ministre Gabriel Attal a remis une couche de sécurisation en début d’après-midi, en organisant au pied levé un déplacement à la gare Saint-Lazare, à 1,5 km de Matignon. Devant des membres des forces de sécurité, le chef du gouvernement a à son tour mis en garde face à une «menace sérieuse» et «multiple», aussi bien «endogène avec des personnes qui ont grandi en France, parfois sont nées en France» que venue de «l’extérieur». En chiffres, cela s’est traduit par «45 attentats déjoués depuis 2017, et deux projets depuis le début de l’année». D’après le ministère de l’Intérieur, il s’agit d’une personne interpellée le 10 janvier pour un projet contre des «cibles juives» ou «une boîte de nuit LGBT» ; ainsi qu’un sexagénaire arrêté le 5 mars alors qu’il préparait une action violente contre des édifices religieux chrétiens.
De son ton le plus martial, Gabriel Attal a annoncé le «déploiement de moyens exceptionnels partout sur le territoire» devant les «lieux sensibles, notamment les écoles». Aux «3 000 militaires» déployés aujourd’hui dans le cadre de l’opération Sentinelle, vont s’ajouter «4 000 militaires supplémentaires désormais en alerte et mobilisables partout sur le terrain», a fait savoir le Premier ministre. La mobilisation remontera ainsi au même niveau que celle déclenchée après l’attentat d’Arras, en octobre. L’opération Sentinelle peut permettre de déployer jusqu’à 10 000 militaires pendant un mois.
Gabriel Attal a enfin insisté sur le travail mené par l’Etat face à la menace du terrorisme islamiste, un «ennemi» qui «veut tuer la République». Depuis 2017, ce sont «760 étrangers radicalisés» qui «ont été reconduits à la frontière», «plusieurs imams expulsés, des mosquées fermées, des associations dissoutes en Conseil des ministres». «Notre main ne tremblera jamais», a promis le chef du gouvernement.
Mise à jour à 16 h 11, avec l’ajout des déclarations de Gabriel Attal et davantage de contexte.
Mise à jour à 20h53, avec les précisions de Gérald Darmanin au 20 heures de France 2.