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Vu de Toronto

Au Canada, le permis de travail pour migrants peut entraîner des «formes d’esclavage moderne», alerte un expert de l’ONU

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Alors que le Sénat français examine cette semaine le fameux article 3 du projet de loi immigration, visant à créer un titre de séjour pour les métiers en tension, l’exemple canadien montre les limites de ce genre de dispositif.
Des centaines de manifestants ont demandé au gouvernement d'accorder le statut de résident permanent à tous les migrants, le 17 septembre à Toronto. (Mert Alper Dervis /Anadolu. AFP)
par Jean-François Gérard, correspondant à Toronto
publié le 8 novembre 2023 à 15h32

En 2022, le Canada était présenté comme un exemple pour les travailleurs migrants au Sommet des Amériques. Il a aussi été invité à intégrer les «Pays champions» du Pacte mondial sur les migrations, un accord non contraignant. C’est dire si les conclusions début septembre du rapporteur spécial de l’ONU, Tomoya Obokata, sur le Programme travailleurs migrants temporaires (PTET) ont fait l’effet d’une douche froide. Après une visite de quatorze jours, le juriste japonais a estimé que le PTET, qui vise à combler les manques dans les emplois en tension, peut tendre vers des «formes d’esclavage moderne». L’expert recommande notamment de modifier le PTET pour «permettre aux travailleurs de choisir leurs employeurs librement sans restriction et discrimination». Les travailleurs agricoles, la garde d’enfants et les cuisiniers fournissent les plus gros contingents. Les pays les plus pourvoyeurs de main-d’œuvre sont le Mexique, l’Inde, le Guatemala et les Philippines.

«Le Canada est précurseur de ce nouveau paradigme dans les pays occidentaux qui consiste à “manager” l’immigration, estime Syed Hussan, directeur du Migrants Workers Alliance, un groupe de défense des droits des migrants. On a besoin de travailleurs, mais on ne veut plus leur donner les droits qui vont avec.» La situation canadienne fait écho aux