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Libération
Renfort

Au Japon, l’armée se déploie pour faire face aux attaques d’ours

Une équipe de quinze soldats a été affectée pour la première fois ce mercredi 5 novembre dans la ville de Kazuno, dans le nord du pays, pour prêter main-forte dans la lutte contre les invasions d’ours dans les zones urbaines.

Des membres des Forces d'autodéfense déchargent une cage à ours d'un camion militaire au camp JSDF Akita, à Akita, dans le nord du Japon, le jeudi 30 octobre 2025. (Camp JSDF Akita/AP)
Publié aujourd'hui à 12h37

Le Japon passe à la méthode forte dans sa chasse aux ours. Face à l’alarmante augmentation cette année d’attaques d’humains par les ours sur le sol nippon, les Forces japonaises d’autodéfense ont accepté d’apporter une aide logistique aux zones rurales, notamment en transportant des pièges à ours, des chasseurs et des animaux capturés.

Ce mercredi 5 novembre, l’armée a été envoyée en renfort dans un département du nord touché par un nombre record d’attaques d’ursidés : depuis avril, 12 personnes ont été tuées par les mammifères et 100 personnes ont été blessées. Quinze soldats ont été déployés pour aider à déplacer une cage-piège à ours dans la ville de Kazuno, dans la préfecture d’Akita.

C’est la première fois que l’armée intervient pour ce genre de risque. Le gouverneur d’Akita, Kenta Suzuki, qui a averti à plusieurs reprises que son département n’avait pas les moyens de lutter contre les ours, a remercié les troupes pour leur aide. «En coordonnant les efforts avec les municipalités locales, j’espère pouvoir soutenir [leurs] activités», a-t-il déclaré lors d’une cérémonie de signature avec l’armée, marquant officiellement le début de l’intervention.

Le secrétaire général adjoint du gouvernement, Kei Saito, a rappelé que si la mission principale de l’armée restait la défense nationale, elle pouvait prêter main-forte lorsque cela était possible.

Des soldats non armés

Le gouvernement de la Première ministre Sanae Takaichi envisage également de confier la chasse aux ours à des policiers ou à des agents locaux titulaires d’un permis de chasse. Il s’efforce de mettre au point un plan d’action face à cette crise et a tenu une réunion spéciale la semaine dernière et indiqué qu’un plan d’action serait présenté d’ici la mi-novembre. Celui-ci devrait prévoir une augmentation du nombre de chasseurs pouvant intervenir dans les situations les plus urgentes, comme lorsqu’un ours est repéré dans une zone résidentielle.

Dans le cas où l’armée est déployée, comme ce mercredi à Kazuno, ce type d’intervention est bien encadré : en raison des lois japonaises strictes sur les armes à feu, les soldats ne seront pas armés et ne chasseront pas les animaux. Ils seront en revanche équipés de sprays anti-ours, de bâtons, de boucliers, de lunettes de protection, de gilets pare-balles et de lance-filets, selon le ministère de la Défense. Tout un attirail qui devrait leur permettre de chasser les ours qui fuient leur habitat naturel pour s’inviter dans les villes nipponnes.

En cause : une pénurie de nourriture, notamment de glands, qui pousse cette année certains ursidés, dont la population est en pleine expansion dans l’archipel, à s’aventurer dans les zones urbaines, notamment dans les départements du nord comme Akita et Iwate, selon des experts. Ils estiment également que la dépopulation des zones rurales a brouillé les frontières traditionnelles entre les villes et les habitats des ours, encourageant ceux-ci à étendre leur territoire vers les zones résidentielles.