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Libération
Chronique «A l'heure arabe»

Au Liban, touche pas au «lollar»

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A l'heure arabedossier
Toutes les semaines, la chronique «A l’heure arabe» se penche sur la vie quotidienne, sociale et culturelle dans les pays arabes. Au Liban, l’annulation d’un taux de change fictif du dollar par rapport à la livre a provoqué un tollé, obligeant les autorités à un rétropédalage.
Lors d'une manifestation le 16 mars à Beyrouth, devant la Banque centrale libanaise. (Joseph Eid /AFP)
publié le 5 juin 2021 à 12h55

Que les lecteurs non familiers des affaires du Liban ne croient pas à une faute de frappe, c’est bien du «lollar» dont on veut parler ici. Contraction de dollar et de livre (pour livre libanaise), ce barbarisme est né de la crise financière et de la défaillance du système bancaire libanais. Son inventeur, Dan Azzi, économiste reconnu, ancien de Harvard, l’a défini début 2020 comme «un dollar coincé dans les banques libanaises». Tous les déposants paniqués qui ont manifesté leur rage cette semaine dans les rues et devant les distributeurs de billets de Beyrouth n’ont que ce mot à la bouche, persuadés que l’existence du «lollar» est menacée.

Trois chiffres d’abord pour comprendre à quoi correspond ce fameux «lollar» : 1 500 livres libanaises (LL) pour un dollar américain est la parité officielle fixée depuis une trentaine d’années dans un pays où la monnaie est indexée sur la devise internationale. Mais aujourd’hui, le taux de change sur le marché parallèle d’une monnaie qui a perdu 85 % de sa valeur est de 13 000 LL pour un dollar. Pour amortir le choc de cet effondrement pour les déposants de comptes en dollar, les banques ont été autorisées depuis avril 2020 à décaisser 3 900 LL pour un dollar, créant ainsi le dit «lollar». Il faut imaginer grossièrement, même si aucune comparaison avec le Liban n’est réaliste, que les 1 000 euros que vous aviez sur votre compte bancaire il y a deux ans n’en valent plus qu’environ 150 aujourd’hui. Mais qu’un rattr