Un nouveau deuil national de quarante-huit heures. Mis bout à bout, il s’agit du quinzième jour où les drapeaux du Niger seront en berne à cause d’une attaque jihadiste en 2021. Cette fois-ci, «au moins 69 personnes» ont été tuées, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Mardi, des villageois armés qui circulaient à moto sont «tombés dans une embuscade tendue par des bandits non identifiés» dans le département de Banibangou, à proximité de la frontière malienne. Le massacre résume le dilemme dans lequel est plongée la région de Tillabéri, à quelques centaines de kilomètres au nord de la capitale, Niamey : se soumettre aux exigences des hommes de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), qui assassinent, rançonnent et pillent à leur guise sans que l’armée nigérienne ne parvienne à protéger la population, ou bien tenter de résister en créant des groupes d’autodéfense, au risque de voir s’abattre sur les villages mobilisés les foudres jihadistes ?
Banibangou était l’un des rares exemples connus de création d’une milice villageoise dans le Tillabéri. «C’est une initiative locale qui date d’il y a plusieurs mois, raconte un habitant de la région. Le groupe a levé des cotisations auprès des gens et des commerçants pour financer l’achat d’armes. L’Etat a simplement fermé les yeux. Les jeunes ont adhéré, le groupe de Banibangou a connu quelques succès en protégeant des localités.» Pourtant, en mars, déjà, 58 villageois de retour d’un marché