Les restes d’au moins quatorze personnes ont été retrouvés jeudi dans le jardin d’un ancien policier du Salvador, également chef de bande, dans l’ouest du pays. Des experts de l’Institut de médecine légale ont fait cette macabre découverte au domicile de cet ex-policier, Hugo Ernesto Osorio Chávez, à Chalchuapa, à 90 km à l’ouest de la capitale San Salvador. Neuf femmes figurent parmi les victimes et probablement trois petites filles de 9, 7 et 2 ans, selon les enquêteurs.
Des dizaines de personnes à la recherche d’un proche disparu se sont rassemblées autour de la maison jeudi où les fouilles se déroulent depuis plusieurs jours, le tout sous une impressionnante surveillance policière. Selon le quotidien britannique The Guardian, le jardin pourrait en réalité receler une quarantaine de cadavres et les fouilles vont durer encore un mois.
«Ce psychopathe est derrière les barreaux et je pense que 99% des personnes ayant pu lui prêter main-forte le sont aussi», a affirmé le patron de la police nationale, Mauricio Arriaza Chicas, lors d’une conférence de presse. Il a précisé qu’Osorio Chávez avait été viré de la police en 2005 et que les meurtres s’étaient probablement étalés sur une dizaine d’années. Le ministre de la Justice, Gustavo Villatoro, a annoncé que les restes humains seraient rassemblés et soumis à des tests ADN pour tenter de retrouver les identités des personnes assassinées.
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A ces quatorze victimes retrouvées enterrées viennent s’ajouter les meurtres d’une femme et de sa fille, pour lesquels cet ex-policier avait été arrêté le 8 mai dernier et qu’il a avoués. Son interrogatoire avait conduit les enquêteurs à procéder à ces exhumations, qui pourraient durer encore un mois et révéler d’autres cadavres, a indiqué l’expert en médecine légale, Israel Ticas. L’ancien policier avait des antécédents pénaux et avait déjà été jugé pour viol. «Il nous a dit qu’il trouvait ses victimes sur les réseaux sociaux et qu’il les attirait en leur faisant miroiter le rêve américain», a expliqué le directeur de la police.
Vu la profondeur des fosses creusées dans le jardin de Hugo Osorio Chávez, il semble que plusieurs personnes aient été impliquées dans l’opération d’enfouissement. Les enquêteurs ont émis des mandats d’arrêt contre une dizaine de suspects qui aurait pu participer aux meurtres.
En 2020, la lutte contre la pandémie de Covid-19 s’est accompagnée d’une chute spectaculaire des homicides au Salvador, réputé être l’un des plus violents du monde, derrière le Venezuela ou son voisin, le Honduras. Avec 1 322 morts violentes en 2020, soit une moyenne de 20 décès pour 100 000 habitants, le Salvador a enregistré son meilleur chiffre depuis la fin de la guerre civile en 1992. En 2019 avaient été recensés 2 398 homicides.
Si la baisse du niveau de violence est un soulagement pour les citoyens, il reste à le prolonger au-delà des restrictions sanitaires par une politique de prévention auquel le gouvernement ne s’est guère attelé. Pas plus qu’il n’a touché à une des législations contre l’avortement les plus punitives dans le monde. Toute interruption de grossesse, même après un viol, voire dans le cas d’une fausse couche, est considérée comme «homicide aggravé» et peut valoir trente ans de réclusion.