Menu
Libération
Dans le rétro

Avant l’Iranien Ebrahim Raïssi, les précédents chefs d’Etat impliqués dans un crash aérien

Le gouvernement a confirmé ce lundi 20 mai, la mort président iranien dans l’accident de son hélicoptère. Les exemples de chefs d’Etat tués dans l’accident, intentionnel ou non, de leur aéronef, ne sont pas rares.
Des policiers russes marchent près de l'épave de l'avion Tupolev Tu-154 du gouvernement polonais qui s'est écrasé près de l'aéroport de Smolensk, le 10 avril 2010. (MAXIM MALINOVSKY/AFP)
publié le 19 mai 2024 à 20h53
(mis à jour le 20 mai 2024 à 8h58)

Les recherches dans le nord-ouest de l’Iran pour retrouver le président Ebrahim Raïssi, victime d’un «accident» d’hélicoptère selon les autorités, sont maintenant terminées. Ce lundi 20 mai, en tout début de matinée, les médias iraniens puis le gouvernement ont confirmé que le Président était bien mort dans un accident d’hélicoptère. Libération revient sur les célèbres crashs aériens ayant coûté la vie à des chefs d’Etat ou de gouvernement.

Pologne

Le président ultraconservateur Lech Kaczynski

Le 10 avril 2010, le président polonais Lech Kaczynski, élu cinq ans auparavant, meurt à 60 ans dans un accident d’avion à Smolensk, en Russie. Ce juriste conservateur, profondément catholique et engagé dans l’opposition anticommuniste, était le frère jumeau de Jaroslaw Kaczynski, avec qui il a gouverné la Pologne de juillet 2006 à novembre 2007, le premier comme président, le second comme Premier ministre. Le crash, survenu lors de la phase d’atterrissage et dans de mauvaises conditions météorologiques, serait dû à des «erreurs» commises du côté russe et polonais, selon les résultats de la commission d’enquête polonaise en 2011.

Macédoine

Le président pro-européen Boris Trajkovski

Le 1er mars 2004, le président macédonien Boris Trajkovski meurt, avec plusieurs proches collaborateurs, dans un accident d’avion dans le sud de la Bosnie, dans une région particulièrement accidentée, difficile d’accès car infestée de mines depuis la guerre qui a ravagé le pays de 1992 à 1995. Président de l’actuelle Macédoine du Nord depuis cinq ans, Boris Trajkovski possédait «une personnalité profondément atypique dans son pays comme dans tous les Balkans», écrivait alors Libération. Cet homme de dialogue de 47 ans a joué un rôle essentiel dans la stabilisation de son pays. Il meurt juste avant que son pays ne dépose sa demande d’adhésion à l’Union européenne. Dix ans plus tard, une enquête internationale conclut à plusieurs erreurs de pilotage.

Rwanda

Le président Juvénal Habyarimana et le déclenchement du génocide des Tutsis

Le 6 avril 1994, deux missiles lancés dans la nuit de Kigali, la capitale rwandaise, vont abattre l’avion présidentiel de Juvénal Habyarimana et donner le signal du début du dernier génocide du XXe siècle. Cet attentat, qui n’a jamais été revendiqué, a été le déclencheur du génocide de centaines de milliers de Tutsis à travers le pays. Jusqu’en 2022, le rôle de la France était pointé du doigt dans la mort du président, mais la Cour de cassation française a conclu à un non-lieu.

Pakistan

Le président Muhammad Zia-ul-Haq

Le 17 août 1988, pas moins de trois organisations différentes revendiquent le crash de l’avion transportant le président du Pakistan, le général Muhammad Zia-ul-Haq. Il avait tellement d’ennemis, ayant lui-même assassiné son prédécesseur, qu’un roman satirique pakistanais, Attentat à la mangue, imaginait la possibilité qu’ils avaient tous raison.

Mozambique

Le «père» de l’indépendance, Samora Machel

Le 19 octobre 1986, le premier président du Mozambique indépendant, Samora Machel, est tué avec 24 autres personnes dans l’accident de son Tupolev 134 dans le nord-est de l’Afrique du Sud, alors qu’il rentrait d’un sommet en Zambie. La commission d’enquête sud-africaine a insisté sur les défaillances de l’équipage soviétique, qui aurait provoqué un accident. Un document du ministère français des Affaires étrangères, obtenu par RFI, indique que le Président était au courant de «l’obsolescence des appareils» aériens soviétiques. Mais la thèse d’un attentat commis par l’Afrique du Sud est brandie, notamment par Armando Guebuza, président du Mozambique de 2005 à 2015. Selon plusieurs dirigeants africains, Samora Machel serait une victime directe ou collatérale de l’apartheid.

Panama

Le général Omar Torrijos, «homme fort» du pays

Le 31 juillet 1981, le général Omar Torrijos, commandant en chef de la garde nationale de Panama et «homme fort» du pays depuis 1968 meurt dans un accident d’avion en compagnie de six autres passagers. Son appareil s’écrase au milieu de la jungle à une centaine de kilomètres à l’ouest de la capitale du pays. La cause de l’accident demeure mystérieuse, entre mauvais temps et accusations y voyant la main des Etats-Unis de Reagan. Une théorie alimentée par le fait que le crash est survenu deux mois après un précédent accident fatal à un leader d’Amérique latine.

Equateur

Le premier président élu démocratiquement, Jaime Roldós Aguilera

Deux mois plus tôt, le 24 mai 1981, le président équatorien Jaime Roldós Aguilera est tué durant son mandat lors d’un accident d’avion près de la frontière péruvienne, avec huit autres passages, dont son épouse et son ministre de la Défense. En 2015, la justice équatorienne annonce l’ouverture d’une enquête sur cet accident, officiellement causé par une défaillance technique. En tant que premier président élu démocratiquement, Jaime Roldós Aguilera s’était opposé au plan «Condor», nom donné à l’alliance des pays d’Amérique du Sud alors en dictature (Paraguay, Brésil, Uruguay, Chili, Argentine). Cette alliance est tenue pour responsable de milliers de morts et de disparus, et plusieurs observateurs estiment qu’elle pourrait être à l’origine de la mort du président, quand d’autres accusent les Etats-Unis.

Portugal

Le Premier ministre Francisco Sá Carneiro

Le 4 décembre 1980, le Premier ministre portugais, Francisco Sá Carneiro, est tué dans l’accident de son avion à Camarate, près de Lisbonne, aux côtés du ministre de la Défense Adelino Amaro de Costa. En décembre 2004, une commission d’enquête parlementaire conclut à un attentat. D’après un article du Guardian publié en 1999, un groupe terroriste d’extrême droite, connu pour une série d’attaques à la bombe contre des politiques portugais, serait à l’origine de cette attaque. Un rapport révélait alors que les experts médico-légaux avaient retrouvé des objets métalliques encastrés dans les os des victimes, du fait d’une explosion. Pas moins de 10 commissions d’enquête parlementaires se sont succédé pour tenter d’établir la vérité. Le rapport final de la dernière commission d’enquête parlementaire, constituée en 2013, conclut sans détour : «L’accident d’avion à Camarate, dans la nuit du 4 décembre, était dû à un attentat.»

République centrafricaine

Le président du gouvernement Barthélemy Boganda

Le 29 mars 1959, le premier président du gouvernement de la République centrafricaine, Barthélemy Boganda, meurt dans l’explosion en plein vol d’un avion de ligne français, dans le sud-ouest du pays. A l’âge de 48 ans, l’homme politique s’éteint en pleine campagne électorale. 63 ans après l’accident, les circonstances de cette explosion fatale à celui qui est considéré comme le «père de l’indépendance» centrafricaine n’ont jamais été élucidées.

Mise à jour ce lundi 20 mai à 9 heures, avec la confirmation de la mort du président Raïssi.