Des relations diplomatiques Paris-Bakou au plus mal. La commission des Affaires étrangères du Parlement azerbaïdjanais a recommandé jeudi 18 janvier de couper tout lien économique avec la France et d’expulser les entreprises françaises de son territoire, dont TotalEnergies. Les élus ont préconisé la mise en place de «sanctions» contre Paris et la «suspension de tout lien économique» avec le pays, selon un communiqué.
Les parlementaires azerbaïdjanais ont également suggéré de «faire sortir toutes les entreprises françaises d’Azerbaïdjan, y compris Total» et de leur interdire toute participation à des projets entrepris par le gouvernement de ce pays très riche en hydrocarbures, où le groupe français est pourtant largement implanté. La raison : la commission accuse notamment la France de mener une politique allant «contre l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Azerbaïdjan».
«Ingérence» dans les affaires internes
Depuis des mois, le ton monte depuis entre la France et l’Azerbaïdjan, qui reproche au gouvernement français son soutien à l’Arménie. Les deux pays du Caucase se vouent en effet une haine tenace et se sont affrontés à plusieurs reprises pour le Haut-Karabakh, enclave montagneuse finalement reprise militairement par l’Azerbaïdjan en septembre. Les recommandations exprimées par les élus azerbaïdjanais sont une réponse à une résolution adoptée mercredi 17 janvier par le Sénat français, qui a condamné l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh et appelé à des sanctions.
Dans ce contexte de froid diplomatique, les élus de la commission poussent également pour reconnaître l’indépendance de territoires ultramarins français tels que la Corse, la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.
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L’entreprise TotalEnergies est implantée en Azerbaïdjan depuis 1996. Elle y travaille «dans la distribution de lubrifiants», selon son site Internet. En septembre, en présence du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le groupe français avait participé à l’inauguration du champ gazier d’Absheron situé sur la côte ouest de la mer Caspienne. D’après un communiqué de presse publié jeudi, TotalEnergies assure vouloir «participer au développement du potentiel d’énergies renouvelables du pays», dans le cadre d’un accord signé en juin.
A plusieurs reprises, Ilham Aliyev a accusé la France de «préparer» une nouvelle guerre dans la Caucase en fournissant des armes à l’Arménie. Bakou et Erevan assurent tous deux vouloir conclure un traité de paix, mais les observateurs restent prudents sur l’avancée des pourparlers, tant les désaccords sont nombreux. Début janvier, l’Azerbaïdjan a aussi appelé le pays à cesser toute «ingérence» dans ses affaires internes, après l’arrestation d’un Français accusé d’espionnage par Bakou, qui a été dénoncée par Paris comme «arbitraire».