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Interview

Bertrand Badie : «Les techniques de domination des régimes autoritaires sont de plus en plus élaborées»

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Le Hirak, un printemps algériendossier
Prix des matières premières, manque de libertés… Le politiste Bertrand Badie pointe les similitudes des révoltes sociales au niveau mondial, qui «sont davantage des expressions de colère que des révolutions léninistes qui viseraient la conquête du pouvoir».
Prix des matières premières, manque de libertés… Le politiste Bertrand Badie pointe les similitudes des révoltes sociales au niveau mondial, qui «sont davantage des expressions de colère que des révolutions léninistes qui viseraient la conquête du pouvoir». (Hector Retamal/AFP)
publié le 27 novembre 2022 à 20h40

Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes chinoises contre la politique du «Zéro Covid» dans ce que les observateurs considèrent comme une rare démonstration d’hostilité contre le régime. Ailleurs dans le monde, des mouvements sociaux se multiplient et mettent en cause la légitimité des pouvoirs autoritaires. S’ils n’aboutissent pas vraiment à des changements de régime, ces vents de colère permettent de «modifier en profondeur les consciences individuelles et collectives», explique le politiste Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales.

De la Chine, en passant par l’Iran, l’Algérie ou le Soudan, les vents de révolte contre les régimes autoritaires se multiplient. Existe-t-il des similitudes entre ces mouvements sociaux ?

Ces liens sont de plus en plus réels depuis le début de ce siècle en raison de la fin de la bipolarité et de la désidéologisation du monde, mais aussi des effets de la mondialisation et de la communication croissante entre les pays. Depuis une vingtaine d’années, les mouvements sociaux ne sont plus des révolutions similaires à celles du passé. Ils ne sont plus organisés, n’ont plus de leader, d’idéologie ou de programme politique. Ils n’ont même pas une revendication directe de prise de pouvoir. La colère sociale qu’ils expriment se nourrit de facteu