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Libération
Acharnement

Birmanie: Aung San Suu Kyi condamnée à trois ans de prison supplémentaires

La junte n’a pas fini d’accumuler les peines à l’encontre de l’ancienne cheffe du gouvernement civile. Cette fois elle accroît sa peine de trois ans.
17 juillet 2019, la conseillère d'État du Myanmar, Aung San Suu Kyi, assiste à la cérémonie d'ouverture du Centre d'innovation de Yangon, à Yangon. (Photo/AFP)
publié le 29 septembre 2022 à 10h19

Une enfilade de condamnations à l’encontre de Aung San Suu Kyi. Ce jeudi, la junte militaire birmane a rajouté trois ans de prison à la peine de l’ex-cheffe du gouvernement, cette fois pour «violation de la loi sur des secrets officiels», selon une source proche du dossier. Au passage, le tribunal a aussi chargé son ex-conseiller, l’économiste australien Sean Turnell, ainsi que trois autres prévenus, de la même peine. La prix Nobel de la paix devrait faire appel de son verdict, selon une source de l’AFP.

Cette nouvelle condamnation vient s’ajouter aux 20 ans de prison déjà prononcés contre elle pour différents motifs, dont la fraude électorale et la corruption. La dernière condamnation date d’il y a même pas un mois. En additionnant toutes les inculpations qui n’ont pas encore été prononcées, elle risque plus de 120 ans de prison.

Des condamnations à tour de bras

Arrêtée au moment du putsch en février 2021, Aung San Suu Kyi a été placée à l’isolement dans une prison de Naypyidaw fin juin. C’est dans cet établissement pénitentiaire de la capitale birmane que se poursuit ce procès-fleuve, entamé il y a plus d’un an, à huis clos. Ses avocats ont interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales. Et, même les envoyés spéciaux de l’ONU et de l’Asean n’ont pas réussi à rencontrer la prix Nobel lors de leur dernière visite, un échec des efforts diplomatiques entrepris depuis plusieurs mois, et qui n’ont pas sorti la Birmanie du chaos.

L’armée montre son acharnement sur les proches de l’ancienne dirigeante. L’ancien député de son parti, Phyo Zeya Thaw, a été condamné à mort et exécuté fin juillet.


Vers des «élections» ?

Le régime a tenté — en vain — de se défendre de ces accusations et a promis d’ouvrir des «négociations» avec Aung San Suu Kyi une fois son procès terminé. «Même si nous aurions pu prendre des actions plus sévères, nous sommes indulgents avec elle», avait déclaré le chef de la junte en août dernier.

L’armée espère tout de même organiser des élections à l’été 2023, dès que le pays sera «en paix et stable», selon le chef de l’armée Min Aung Hlaing, qui a aussi annoncé une «réforme» du système électoral. Mais les Etats-Unis ont déjà appelé la communauté internationale à ne pas soutenir ce projet, un «simulacre» électoral, selon le secrétaire d’Etat Antony Blinken.

Depuis le putsch, en février 2021, plus de 2 200 civils ont été tués par les forces de sécurité et plus de 15 000 arrêtés, selon une ONG locale. Le 16 septembre dernier, l’armée s’en est prise aux à une école dans la région de Sagaing en montrant qu’elle n’a plus de limites.