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Enquête

Boualem Sansal, les coulisses du scandale

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La crise entre la France et l'Algériedossier
Coupé du monde depuis son arrestation le 16 novembre et condamné à cinq ans de prison à l’issue d’un simulacre de procès, l’écrivain franco-algérien est pris au piège de la guerre diplomatique entre Paris et Alger.                     
Boualem Sansal à Paris, le 4 septembre 2015. (Frédéric Stucin/Pasco&co)
publié le 15 mai 2025 à 19h47

Six mois. Six mois sans liberté, sans défense, sans nouvelles. A-t-il seulement une feuille, un stylo, pour écrire ? Est-il condamné à ourler les mots dans sa tête comme Alexandre Soljenitsyne ? Boualem Sansal résiste. Voilà, a minima, ce que l’on sait depuis son arrestation, le 16 novembre 2024, à l’aéroport d’Alger, alors qu’il rentrait chez lui après un séjour à Paris. Le romancier algérien, tout juste devenu français à l’aube de ses 80 ans n’a, malgré son passeport tricolore, bénéficié d’aucune protection consulaire. L’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, n’a pas obtenu le droit de lui rendre visite. Boualem Sansal a été bouclé comme un criminel, lui le vieux sachem au sourire si doux, l’éternel enfant, avec son corps menu, ses malices et son catogan. Il endure tout ce qu’il a combattu dans ses livres : le fanatisme, l’arbitraire absolu, le silence. Même sa femme, Naziha, la seule autorisée à le voir, est réduite à ne donner que des nouvelles étrangement lapidaires, quelques mots par SMS répétant «ça va», de peur sans doute de déplaire, mettre en péril sa pieuse famille algérienne.

«Terrible impasse»

Tout est kafkaïen. Boualem Sansal a été enfermé sous haute surveillance, en prison puis à l’hôpital Mustapha-Pacha, où est soigné son cancer de la prostate, découvert et aussitôt révélé – comme preuve de bon traitement – par le régime d’