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Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau annonce sa démission

Au pouvoir depuis 2015, le chef du gouvernement canadien a notamment évoqué «la paralysie» du Parlement pour justifier sa décision ce lundi 6 janvier. Il restera toutefois à son poste le temps que son ou sa successeuse soit désignée.
Justin Trudeau lors de l'annonce de sa démission du poste de Premier ministre, à Ottawa le 6 janvier 2025. (Patrick Doyle/REUTERS)
publié le 6 janvier 2025 à 11h28

Trudeau out. Confronté à la plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir il y a près de dix ans, le Premier ministre canadien a annoncé sa démission ce lundi 6 janvier de ses fonctions à la tête du gouvernement ainsi que du Parti libéral du Canada (PLC). Justin Trudeau a toutefois déclaré qu’il restera à son poste pour gérer les affaires courantes jusqu’à la désignation de son ou sa successeuse.

«Chaque fibre de mon être me dit de me battre», a souligné l’homme politique de 53 ans dans son discours devant la presse. Mais après une période de réflexion «pendant les fêtes», Justin Trudeau a pris cette décision «dans le meilleur intérêt des Canadiens», face à la «paralysie» du Parlement. «Si je dois mener des batailles internes» au Parti libéral, «je ne peux pas être la meilleure option pour les prochaines élections», a-t-il ajouté. Cette annonce intervient à quelques mois des législatives, prévues pour se tenir d’ici à la fin du mois d’octobre, pour lesquelles les conservateurs sont donnés favoris.

Popularité en berne

Le désormais futur-ex-Premier ministre a aussi déclaré que l’activité du Parlement sera suspendue jusqu’au 24 mars. Les élus devaient reprendre leurs travaux le 27 janvier et les partis d’opposition avaient promis de renverser le gouvernement dès que possible. L’hypothèse d’une possible motion de censure est donc reportée de plusieurs mois.

Après neuf ans au pouvoir, la popularité de Justin Trudeau avait nettement faibli ces derniers mois. Son gouvernement avait d’ailleurs survécu de justesse à une série de votes de défiance, pendant que ses détracteurs appelaient à sa démission. Le chaos règne à Ottawa, la capitale, depuis le départ surprise en décembre de la vice-Première ministre, Chrystia Freeland, sur fond de désaccord avec Justin Trudeau sur la façon de gérer la guerre économique qui se profile avec les Etats-Unis.

Les déclarations de Donald Trump ces dernières semaines ont aggravé la crise politique canadienne et provoqué une onde de choc. Le pays cherche une parade aux menaces du président milliardaire, qui a promis d’imposer des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier. Pour éviter une guerre commerciale, Justin Trudeau s’est rendu en Floride fin novembre pour rencontrer le président élu dans sa propriété de Mar-a-Lago. Sans succès. Depuis, Donald Trump, qui prendra ses fonctions de président des Etats-Unis le 20 janvier, a porté des coups humiliants au Premier ministre canadien sur les réseaux sociaux, en prenant notamment un malin plaisir à le qualifier de «gouverneur» du Canada, comme s’il s’agissait d’un Etat américain.

Une entrée tardive en politique

Justin Trudeau est perçu comme le principal responsable de la forte inflation qui frappe le pays, et de la crise qui touche le logement et les services publics. A son arrivée en 2015, le monde entier observait pourtant avec intérêt, voire admiration, les premiers pas au pouvoir de ce jeune dirigeant multilatéraliste qui proclamait que «le Canada [était] de retour» sur la scène internationale.

Fils aîné du charismatique Pierre Elliott Trudeau, ex-Premier ministre mort en 2000, Justin Trudeau a longtemps cherché sa voie : boxeur amateur, moniteur de snowboard, professeur d’anglais et de français… Il se lance finalement sur les traces de son père et entre en politique tardivement, en 2007, avant de se faire élire député de Montréal en 2008 puis chef d’un Parti libéral en lambeaux en 2013.

Premier ministre, il a fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, a instauré l’aide médicale à mourir, une taxe carbone, a lancé une enquête publique sur les femmes autochtones disparues et assassinées et signera une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna).

Mis à jour à 17 h 04 avec l’annonce de la démission de Justin Trudeau.