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Proche-Orient

Ce que l’on sait du plan de Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza

Plusieurs médias américains, israéliens et arabes ont levé le voile ce week-end sur le projet américain, qui doit encore être validé par le Hamas et l’Etat hébreu.

Lors d'une rencontre entre Donald Trump et Benyamin Nétanyahou, à la Maison Blanche, le 7 juillet 2025. (Andrea Caballero-Reynolds/AFP)
ParJérôme Balazard
Chef de service - Actu
AFP
Publié le 27/09/2025 à 20h45, mis à jour le 28/09/2025 à 12h23

Le président américain, Donald Trump, a présenté la semaine dernière un nouveau plan de paix pour Gaza aux dirigeants arabes et musulmans en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Ce projet en 21 points dévoilé mardi 23 septembre aux Emirats arabes unis, à l’Arabie Saoudite, au Qatar, à l’Egypte, à la Jordanie, à la Turquie, à l’Indonésie et au Pakistan, est censé répondre aux préoccupations israéliennes et à celles des pays du Moyen-Orient, a indiqué Washington.

Selon le site américain Axios, les propositions des Etats-Unis seraient des variantes d’idées discutées au cours des six derniers mois, des mises à jour de plans antérieurs présentés par Jared Kushner, gendre de Donald Trump et ancien envoyé spécial pour le Moyen-Orient, et l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

La fin des hostilités

Révélés samedi par la chaîne saoudienne Al-Hadath et le média israélien Ynet, les principaux points du plan prévoient la fin immédiate des hostilités à Gaza, ainsi que la libération des otages israéliens en contrepartie de celle de milliers de prisonniers palestiniens. Le Washington Post, qui a pu consulter le document, a donné plus de précisions dimanche, et cite un extrait du texte : «Une fois tous les otages libérés Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité ainsi que 1 700 Gazaouis détenus après le 7 Octobre. […] Pour chaque otage israélien dont la dépouille sera restituée, Israël restituera les dépouilles de 15 Gazaouis décédés.» Le plan évoque également un retrait progressif des forces armées de l’Etat hébreu ; et un afflux d’aide humanitaire sous l’égide de l’ONU «ainsi que d’autres institutions internationales non liées d’une quelconque manière à l’une ou l’autre des parties», cite le Washington Post, sans qu’il soit précisé si cela inclut l’opaque Gaza Humanitarian Foundation, dont les distributions sont régulièrement émaillées de tirs mortels pour la population.

Selon une source diplomatique à l’AFP, les dirigeants des pays arabes et musulmans ont accueilli favorablement ces propositions, et appelé une nouvelle fois lors de la réunion à la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza.

Une gouvernance sans Hamas

Samedi, la chaîne saoudienne Al-Hadath a dévoilé d’autres aspects du plan, notamment la confiscation des armes du Hamas par une force arabe et internationale. Les dirigeants des pays arabes et musulmans rencontrés par le Président insisteraient pour que le mouvement «dépose» les armes. En contrepartie de ce désarmement et d’un retrait de l’enclave, les dirigeants du groupe terroriste se verraient proposer une amnistie et bénéficieraient d’un passage en toute sécurité vers d’autres pays, d’après le Washington Post. Une entité arabe internationale serait en charge d’administrer Gaza après la guerre pour une période limitée, à l’invitation de l’Autorité palestinienne. Une commission palestinienne, élue par cette dernière, serait également créée pour gérer les affaires de l’enclave.

Depuis le début de la guerre déclenchée après l’attaque du mouvement palestinien contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023, l’Etat hébreu a juré d’éliminer le Hamas et affirmé que celui-ci ne pouvait jouer aucun rôle futur dans la gouvernance. Les dirigeants arabes et musulmans ont également souligné lors de la réunion qu’ils s’opposaient à toute mesure qui compromettrait la réforme de l’Autorité palestinienne ou l’empêcherait d’être habilitée à gouverner à la fois Gaza et la Cisjordanie occupée, a ajouté la source diplomatique de l’AFP.

D’après le Washington Post, deux points semblent avoir été écrits pour satisfaire les pays qui ont décidé de reconnaître l’Etat palestinien. Le premier mentionne que «les conditions pourraient être réunies pour une voie crédible vers un Etat palestinien, à propos duquel [Washington] reconnaît l’aspiration du peuple palestinien». Le second que les Etats-Unis «établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens afin de convenir d’un horizon politique pour une coexistence pacifique et prospère».

La reconstruction de Gaza

Le plan américain comprendrait également la mention d’une reconstruction de l’enclave palestinienne, détruite par deux ans d’intenses bombardements, financée par des fonds arabes et internationaux. Le texte, que doivent encore valider le Hamas et le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, évoque de plus la création d’un périmètre de sécurité non occupé autour de Gaza, de 500 à 1 000 mètres de large. Selon la télévision qatarie basée à Londres Al-Araby al-Jadeed ce dimanche matin, les dirigeants de pays arabes et musulmans présents lors de la rencontre avec Donald Trump auraient remis au président américain une série d’amendements, dont un demandant le déploiement de forces internationales dans ce périmètre de sécurité.

Les dirigeants arabes rencontrés par Donald Trump auraient également demandé des assurances contre le déplacement des habitants de Gaza, contre toute entrave à leur retour et contre toute tentative d’occuper le territoire.

En février, Trump avait suscité l’indignation dans le monde arabe, tout en réjouissant Israël, en évoquant l’idée de transformer Gaza en «Riviera du Moyen-Orient» après en avoir déplacé les habitants palestiniens et placé le territoire sous contrôle américain.

Un point d’arrêt à l’annexion de la Cisjordanie

Les dirigeants arabes et musulmans auraient enfin selon l’AFP réclamé des garanties contre l’annexion de parties de la Cisjordanie (occupée par Israël depuis 1967) ou toute mesure susceptible de modifier le statu quo juridique et historique des lieux saints de Jérusalem.

Le plan présenté par Washington assure, selon Al-Hadath, que les Etats-Unis empêcheront la poursuite de l’annexion de la région. Jeudi, Donald Trump avait pour la première fois pris position sur le sujet en martelant : «Je ne permettrai pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n’arrivera pas. […] Cela suffit comme ça. Il est temps d’arrêter maintenant.»

Le cas du Qatar

L’attaque israélienne menée contre des négociateurs du Hamas à Doha, le 9 septembre, avait été condamnée par la communauté internationale, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, évoquant notamment «une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Qatar». Les frappes, menées sur un immeuble de la capitale de ce pays allié des Etats-Unis qui abrite régulièrement des pourparlers, avaient tué cinq membres du mouvement palestinien et un agent des forces de sécurité qataries, mais le mouvement islamiste avait affirmé que les responsables visés avaient pour leur part survécu.

Selon le Washington Post, le plan Trump inscrit qu’Israël ne lancera «aucune autre attaque contre le Qatar». Le texte reconnaît en outre «le rôle important joué par le Qatar en tant que médiateur dans ce conflit» et note que ce sont les Etats-Unis et Israël qui ont été les premiers à demander à Doha d’accueillir les négociateurs du Hamas.

La chaîne Al-Araby al-Jadeed affirme pour sa part que Doha exigerait «des excuses publiques officielles et un engagement à ne pas renouveler l’agression» avant de reprendre son rôle de médiateur. L’émir du Qatar a malgré tout assuré le 23 septembre à l’ONU que son pays poursuivrait ses «efforts» diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.

Ce qu’en pensent les pays arabes et musulmans

Un communiqué conjoint des pays arabes et musulmans représentés à la réunion de mardi a indiqué que les dirigeants avaient «réaffirmé leur engagement à coopérer avec le président Trump et souligné l’importance de son leadership pour mettre fin à la guerre».

Axios a cité des responsables arabes affirmant que les participants étaient repartis «très optimistes». «Pour la première fois, nous avons eu le sentiment qu’un plan sérieux était sur la table», ont-ils dit.

«Nous sommes pleins d’espoir, et je dirais même confiants, que dans les jours à venir nous serons en mesure d’annoncer une sorte de percée», a assuré l’émissaire américain Steve Witkoff mercredi. Vendredi, Trump a affirmé : «Je pense que nous avons un accord.» «Ce sera un accord qui ramènera les otages. Ce sera un accord qui mettra fin à la guerre», a-t-il promis, avant de réaffirmer ce dimanche sur son réseau Truth Social dans le style majuscule qu’il affectionne : «Nous avons une vraie opportunité de GRANDEUR AU MOYEN-ORIENT. TOUT LE MONDE EST EN PLACE POUR QUELQUE CHOSE D’UNIQUE. […] NOUS Y PARVIENDRONS !!!» Le président américain doit rencontrer lundi Benyamin Nétanyahou à la Maison Blanche afin de finaliser ce plan. Le Premier ministre israélien s’est d’ores et déjà déclaré opposé à plusieurs de ses points.

Mise à jour dimanche 28 septembre à 12 h 23 avec les informations du Washington Post et d’Al-Araby al-Jadeed.