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Reportage

«Ces programmes sauvent des vies» : au Canada, analyser les drogues avant de les consommer

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Frappé par la crise des opioïdes, comme aux Etats-Unis, le pays propose aux usagers de drogues de faire inspecter gratuitement leurs produits, dans le but de détecter des substances non prévues et dangereuses.
A Toronto, c'est le centre de toxicomanie et de santé mentale de l’hôpital universitaire qui s'occupe d'analyser les échantillons de drogues. (Chloë Ellingson/Libération)
par Jean-François Gérard, correspondant à Toronto
publié le 12 mai 2024 à 9h38

Laisser anonymement et gratuitement un échantillon de sa drogue et recevoir sous deux jours une analyse détaillée du contenu. En pleine crise des opioïdes, comme chez le voisin américain, c’est le précieux service dont disposent des usagers canadiens. «Cela m’a permis de construire une relation de confiance avec mon vendeur», décrit Matt Johnson, utilisateur du service. Souffrant «d’un traumatisme d’enfance», il a commencé à consommer de l’héroïne à l’adolescence, il y a vingt-ans ans. «Les antidépresseurs n’ont jamais marché, mais je savais que si je pouvais avoir ça, je pourrais survivre», se rappelle-t-il. Il se sent alors «radicalement accepté» dans le regard des travailleurs sociaux et d’autres usagers, au point de rejoindre la profession. En 2017, lorsque le fentanyl se propage à Toronto, il participe à une action coup de poing en ouvrant un mini-centre d’injection clandestin dans un parc. Depuis, une douzaine de sites légaux ont ouvert dans la ville. Puis, fin 2019, un service de vérification des drogues, un prolongement de cette politique de réduction des risques.

«Tous mes amis sont morts d’overdoses», déplore Matt Johnson. «Si on avait été plus rapide à ouvrir des sites d’injection et de vérification de drogues, on aurait pu éviter tout cela», ajoute-t-il, amer. Il aurait aim