Laisser anonymement et gratuitement un échantillon de sa drogue et recevoir sous deux jours une analyse détaillée du contenu. En pleine crise des opioïdes, comme chez le voisin américain, c’est le précieux service dont disposent des usagers canadiens. «Cela m’a permis de construire une relation de confiance avec mon vendeur», décrit Matt Johnson, utilisateur du service. Souffrant «d’un traumatisme d’enfance», il a commencé à consommer de l’héroïne à l’adolescence, il y a vingt-ans ans. «Les antidépresseurs n’ont jamais marché, mais je savais que si je pouvais avoir ça, je pourrais survivre», se rappelle-t-il. Il se sent alors «radicalement accepté» dans le regard des travailleurs sociaux et d’autres usagers, au point de rejoindre la profession. En 2017, lorsque le fentanyl se propage à Toronto, il participe à une action coup de poing en ouvrant un mini-centre d’injection clandestin dans un parc. Depuis, une douzaine de sites légaux ont ouvert dans la ville. Puis, fin 2019, un service de vérification des drogues, un prolongement de cette politique de réduction des risques.
«Tous mes amis sont morts d’overdoses», déplore Matt Johnson. «Si on avait été plus rapide à ouvrir des sites d’injection et de vérification de drogues, on aurait pu éviter tout cela», ajoute-t-il, amer. Il aurait aim